On connaît la chanson. Après toute élimination, les débats sont vifs. On cherche des coupables. Les Diables n’y ont pas échappé suite à leur défaite face à l’Italie. Pointé du doigt, Roberto Martinez a eu des mots justes après la rencontre: "Je ne parlerai pas du futur maintenant, nous sommes trop dans l’émotion."
Dans ces cas-là, quelques nuits de réflexion sont bien utiles pour prendre un peu de recul. La première question à se poser, essentielle, est celle-ci: le tournoi des Diables est-il une réussite? En termes de résultats, avec un tel noyau et un statut de numéro un mondial, être éliminé en quart de finale est clairement un échec. En termes de jeu, aussi, il faut reconnaître qu’on penche du côté de l'insatisfaction. Nous avons le désagréable sentiment que cette équipe belge n’a jamais vraiment joué son jeu. Sa meilleure mi-temps, sur le plan offensif? La seconde au Danemark, quand Eden Hazard et ses équipiers ont enfin décidé de mettre le pied sur le ballon.
À ce constat d’échec, il faut ajouter non pas une excuse mais une nuance: oui, l’Italie était nettement supérieure aux Diables. C’est ce qui rend cette élimination plus facile à accepter. Malgré cet énorme paradoxe: les Belges ont été dominés dans tous les secteurs par la Squadra mais le match s’est joué à quelques centimètres.
Face à ce bulletin final pas à la hauteur des attentes, la question des responsabilités doit se poser. Dont celle de l’entraîneur. Oui, Roberto Martinez a commis certaines erreurs. Dans certains choix ou, plus globalement, dans son approche du tournoi. Il doit être le premier à en avoir déjà pris conscience. En voulant trop suivre l’exemple du cynisme français de 2018, les Diables ont perdu leur ADN en route. Ce sera une clé de l’après-Euro: la Belgique doit retrouver son identité. En trouvant le bon équilibre entre le jeu séduisant du Mondial russe et le réalisme clinique parfois affiché durant cet Euro, tout en réussissant à se montrer plus surprenante.
Faut-il pour cela changer de sélectionneur? À nos yeux, certainement pas. Pour plusieurs raisons. Un: il a le soutien du groupe et c’est une condition sine qua non avec des joueurs de ce niveau. Deux: attirer un entraîneur aussi bon que Roberto Martinez avec des moyens limités et une génération en fin de cycle, c’est quasiment mission impossible. Pour aller jusqu’au Mondial qatari, le Catalan semble toujours être l’homme de la situation. Demander sa tête sans mettre ces éléments sur la table, en se focalisant uniquement sur le résultat de ce quart de finale, c’est un raisonnement trop étriqué.