On pourrait présenter Andy Bichelbaum et Mike Bonanno, mieux connus sous le nom de Yes Men, comme des rois du canular, des imposteurs de haut vol. Mais le but de leurs impostures, même si elles sont souvent drôles, ce n'est, au départ, pas forcément de faire rire: ils les utilisent pour dénoncer les dérives de l'ultra-libéralisme, le réchauffement climatique, les dysfonctionnements de la société actuelle, et susciter le débat. "En anglais, on appelle ça "laughtivism", c’est-à-dire mettre sur pied des blagues pour donner aux médias l’occasion de parler de choses très importantes", explique Andy.
Activistes du canular
Pour arriver à leurs fins, Andy et Mike se font passer pour des journalistes, des représentants de grandes multinationales ou du monde politique. Ils infiltrent des conférences, des événements et en piègent l'assistance. "Les actions pour lesquelles nous sommes les plus connus, c’est quand on se fait passer pour des porte-paroles d’entreprises qui font de très mauvaises choses, poursuit-il. Alors, soit on exagère cette chose, soit on déclare qu’on fait ce que cette entreprise devrait en réalité faire". Leur fait d’arme le plus célèbre, c’est une intervention en direct sur la BBC, dans laquelle l’un des Yes Men se fait passer pour un porte-parole de l’entreprise Dow Chemical et présente des excuses pour la catastrophe de Bopal, en Inde, survenue 20 ans plus tôt. Un canular qui a eu des effets inattendus sur le cours des actions de l’entreprise. Ils ont aussi distribué en 2008 des milliers d'exemplaire d'un faux New York Times, annonçant que la guerre en Irak était finie. Des interventions relayées par les médias du monde entier et immortalisées dans vidéos sur internet.