La junte militaire du Myanmar a ordonné la libération de plus de 5600 prisonniers à travers le pays. Nombre d'entre eux ont été détenus dans la tristement célèbre prison d'Insein, à Yangon, la plus grande ville du pays.
Lundi soir (heure locale), les premiers prisonniers, qui avaient été arrêtés après la prise du pouvoir par l'armée début février, ont été libérés. Des membres de leur famille et des amis les ont attendus durant plusieurs heures, et les prisonniers ont été accueillis avec nombre d'embrassades et pleurs.
Selon des témoins sur place, plusieurs centaines de prisonniers ont déjà été libérés mardi matin et de nombreux autres devraient suivre dans le courant de la journée. Parmi eux se trouve Monywa Aung Shin, l'un des porte-parole de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti politique dans l'ancienne dirigeante Aung San Suu Kyi. Il est le plus haut responsable du parti à avoir été libéré jusqu'à présent.
D'après l'Association d'aide aux prisonniers politiques (AAPP), plus de 8.000 personnes ont été emprisonnées pour leur opposition à la junte depuis février. Plus de 7.300 individus se trouvaient en détention avant l'amnistie annoncée lundi, et au moins 1.181 personnes ont été tuées.
L'AAPP qualifie cette amnistie de "technique de distraction" destinée aux gouvernements étrangers et estime que l'armée n'a "pas l'intention de relâcher la répression".
Pour preuve, Aung San Suu Kyi, 76 ans, lauréate du prix Nobel de la paix 1991, reste visée par une multitude de procédures judiciaires : sédition, corruption, incitation aux troubles publics, etc. Elle encourt toujours de longues années d'emprisonnement si elle est reconnue coupable.