Boisson quotidienne du long Moyen-âge européen, la bière arrive ensuite dans les monastères avec l’avènement du Christianisme et la règle de Saint-Benoit (IVe siècle après Jésus-Christ). "Pour autant, on ne parle pas encore de but lucratif ni de concurrence et les femmes continuent à brasser tranquillement leur bière, chez elle, dans la cuisine" précise la journaliste.
Comme la bière ne contient pas encore de houblon à cette époque, elle se gâte vite. Il faut donc distribuer ou vendre l’excédent sur le pas de la porte ou dans les tavernes. Petit à petit, les "brasseuses domestiques" - surnommées Alewives en Angleterre - vont ainsi pouvoir monter un petit commerce lucratif qui leur permet de subvenir à leurs besoins sans être forcées de se mettre au service des plus riches, de se trouver un mari, ou d’avoir recours à la prostitution.
"Malheureusement, le monde commence à basculer au XIV" prévient Cindya Izzarelli. La pandémie de peste noire ravage l’Europe et une nouvelle économie se met en place. Tout est à reconstruire. Les corps de métier se professionnalisent et la fabrication de la bière se masculinise en entrant dans les corporations (auxquelles les femmes n’ont que très peu accès). Dans le même temps, les mœurs se rigidifient. Les Alewives sont petit à petit diabolisées et considérées comme des sorcières. "On les accuse d’être des tricheuses, de couper leur bière à l’eau, d’enivrer leurs clients et de mener une vie de catin. Les Alewives, c’est fini" explique la chroniqueuse culinaire.
"Mais avant de perdre tout à fait la main sur la fabrication et la distribution de la bière, une femme, Hildegarde de Bingen, révolutionne l’histoire du breuvage en proposant, au XIIe, d’ajouter du houblon dans la bière" se console Cindya Izzarelli.