Et la Belgique dans tout ça ?
Notre pays possède l’un des plus gros sites de production de vaccins Pfizer du monde. GSK Wavre a commencé a produire les adjuvants du vaccin Sanofi-GSK et compte en sortir 1 milliards d'ici fin 2021. Novasep à Seneffe produit le vaccin Astrazeneca mais nous ne pouvons pas espérer recevoir nos premiers vaccins avant début janvier. Il s’agira de 600.000 doses de vaccins Pfizer pour 300.000 personnes (la vaccination se fait en deux doses). Pourquoi, alors que les vaccins sont près de nous, les recevons nous si tard et en si petites quantités ? Si c’est certainement plus facile de délivrer les vaccins là où ils sont produits, ce n’est pas, de toute évidence, le critère décisif des firmes pharmaceutiques. Mais alors quel est ce critère ?
Dans le cas de la Belgique, c’est la commission européenne qui a établi les contrats avec les producteurs de vaccins au nom des 27 Etats membres. L’Europe a signé avec Pfizer la fourniture de 200 millions de doses dont 100 millions en réserve. Jean-Michel Dogné est membre de la Task Force Vaccin en Belgique, il nous explique comment ces vaccins Pfizer seront répartis pour chacun des pays membres: " La distribution des vaccins européens se fait en proportion du nombre d’habitants par pays. La Belgique représente 2,5% de l’ensemble de la population européenne et elle recevra un nombre de vaccins Pfizer proportionnels c’est à-dire qu’elle peut espérer recevoir 5 millions de doses de vaccins Pfizer étalés tout au long de l’année 2021. "
La stratégie de l'Europe: pas tous ses œufs dans le même sac
Cet expert ajoute que la Commission européenne a été très prudente en signant des pré-achats avec cinq autres firmes pharmaceutiques : Sanofi-GSK ,Astrazeneca, Curevac, Moderna, Janssen.Il ajoute : " La Commission européenne a pré-commandé pour la Belgique 22 millions de doses de vaccins, c’est -à-dire que 11 millions de Belges pourraient être vaccinés.C’est plus que les 70% de la population prévus mais on sait que ce n’est pas parce que les doses ont été précommandées que les firmes auront leur autorisation de mise sur le marché. Il était important d’avoir un portfolio de vaccins parce que nous n’avons aucune garantie qu’ils seront tous autorisés et deuxièmement il peut y avoir un problème d’approvisionnement avec l’un ou l’autre produit au niveau de la manufacture ".
Autrement dit les pays membres de la Commission européenne n’ont pas mis tous leurs œufs dans le même sac.Une stratégie de prudence cautionnée par beaucoup d’experts. Mais en saupoudrant ses commandes, elle n’a peut-être pas mis le prix suffisant pour être servie avant les autres comme les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et Israël semblent le faire. Mais notre expert insiste : " Israël a dû négocier un certain nombre de doses en y mettant le prix. Mais si Israël privilégie un vaccin par rapport à d’autres, ne sera pas nécessairement en mesure de vacciner toute sa population avec ce seul vaccin."
Yves Van Laethem, porte-parole interfédéral Covid-19 confirme:" nous suivons un planning européen qui fait que nous commençons doucement alors que d’autres pays comme Israël, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont fait leur contrat de leur côté. Ils ont sans doute réclamé d’autres modalités de livraison. Ils ont peut-être mis un prix plus fort pour avoir plus de doses d’emblée. "
Les deux experts s’accordent pour estimer que la coordination européenne est une bonne chose. Quels que soient les vaccins qui vont arriver d’ici six mois, c’est déjà sur un délai très court. Et de surcroît, il est mieux de s’assurer une qualité de production et d’augmenter les délais que de les raccourcir.