La Belgique a le taux d’emploi des immigrés d’origine non européenne le plus faible des 28 Etats membres : 54%. Alors que pour l’Union européenne, la moyenne de ce taux d’emploi pour les personnes née hors UE, est de 73,4%. Différentes études nationales et internationales ont déjà montré que les immigrés nés hors de l’Union se trouvent confrontés à des difficultés en matière d’accès à l’emploi en Belgique. Les derniers chiffres d’Eurostat, publiés ce matin, viennent confirmer la situation. Or, les objectifs européens visent un taux d’emploi pour ces personnes de 75% en 2020. Notre pays en est très loin.
Les Belges considèrent que la discrimination liée à l’origine ethnique est la forme de discrimination la plus répandue dans le pays.
Facteurs explicatifs
Plusieurs facteurs peuvent expliquer les différences des taux d’emploi entre natifs et immigrés d’origine non européenne. Pour Abdeslam Marfouk, chargé de recherche à l’IWEPS : "le niveau d’éducation et de qualification, la non-reconnaissance de certains diplômes et de l’expérience professionnelle acquis à l’étranger, le niveau des compétences linguistiques, et l’obligation d’avoir une nationalité européenne pour accéder à certains emplois", comme la fonction publique. Mais la discrimination à l’embauche joue aussi un rôle, selon lui. "Et les Belges considèrent que la discrimination liée à l’origine ethnique est la forme de discrimination la plus répandue dans le pays".
Niveau de qualification
Le dernier rapport du Conseil supérieur de l’emploi, d’octobre 2018 souligne, lui aussi, le niveau de qualification comme déterminant principal. Et avance que "par rapport à la moyenne de l’UE, la Belgique attire proportionnellement plus d’immigrés non-UE dans le cadre d’un regroupement familial ou pour des raisons humanitaires ou de protection internationale. À l’inverse, moins d’immigrés viennent à l’origine pour un emploi ou poursuivre des études. Comparativement aux natifs, ils présentent une part plus grande de personnes faiblement éduquées". La Belgique peinerait donc à attirer une immigration haute qualifiée. C’est en partie vrai, pour l’OCDE.
Accès durci à la nationalité belge
Cela a déjà été démontré, les immigrés qui possèdent la nationalité belge ont beaucoup plus de chances supplémentaires d’exercer un emploi stable, que les personnes de la même origine qui ne sont pas belges. Or, Abdeslam Marfouk rappelle que depuis 2013, "les conditions d’accès à la nationalité belge pour un immigré non européen sont devenues beaucoup plus strictes. C’est un facteur clé qui pourrait favoriser l’intégration des personnes sur le marché du travail. Parce que l’on sait que les emplois du secteur public représentent une part importante du volume total de l’emploi. Et le fait de n’avoir ni nationalité ni nationalité européenne ne permet pas à ces personnes d’occuper des postes dans ce secteur d’activité".