Il y a un an jour pour jour, le gouvernement d’Alexander De Croo prêtait serment auprès du Roi. L’objectif principal de ce gouvernement est simple : nous faire croire que gouverner la Belgique est possible. Ou plus simplement dit, le gouvernement doit répondre positivement à la question : la Belgique est-elle possible ?
Répondre à cette question nécessite des décisions bien sûr mais aussi une certaine manière de les prendre.
Les actes…
Sur le plan des décisions, cette première année affiche un bilan massif à cause de la pandémie. Le fédéral a assumé un rôle majeur : le deuxième confinement, la bulle de 1, le troisième confinement, la vaccination. Une période dominée par le duo De Croo-Vandenbroucke. Aux décisions sanitaires, il faut ajouter la politique de soutien aux ménages et à l’économie : le gouvernement a déversé un "carpet bombing" d’argent ce qui a permis à la Belgique de rebondir. Jamais de mémoire un gouvernement n’avait dû prendre aussi vite des décisions aussi lourdes, humainement et financièrement.
Ajoutons à cela que pendant ce temps cette Vivaldi a aussi décidé d’une taxe sur les comptes-titres, a négocié un accord interprofessionnel et un plan de relance. Désormais que la poussière retombe un peu, la facture apparaît, très lourde, le retour à l’équilibre budgétaire devient presque un mirage. Lointain.
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Toutes ces décisions sont discutables et contestables, et d’ailleurs contestées. Mais il faut reconnaître que le gouvernement a décidé. Il a même beaucoup décidé ce qui n’était pas du tout gagné d’avance. Par contre, le point central c'est qu'il a décidé sous la pression d’un évènement extérieur, la pandémie. C’est une dynamique externe. La question c’est de savoir s’il est capable d’une dynamique interne c’est-à-dire de faire de la décision par une volonté d’équipe. C’est tout le chantier de la modernisation du pays. La réforme des pensions, la réforme de la fiscalité, la réforme de l’État.
… et la manière
Donc, le défi qui regroupe tous les autres défis c’est prouver aux citoyens, surtout flamands, que le fédéral fonctionne encore contre la communication de la N-VA et du Vlaams Belang qui distille l’idée inverse. Évidemment avec 7 partis, dont certains sont en situation de crise existentielle, c’est extrêmement compliqué. Pourtant, les partis flamands semblent globalement alignés dans cette idée de faire fonctionner le machin.
Le CD&V (qui sous le précédent gouvernement avait choisi de torpiller son partenaire N-VA qui elle-même avait décidé de ruiner le CD&V qui pourtant a hésité un an à monter dans un gouvernement sans elle) semble encore sonné et se montre discret. L'Open VLD reste aux ordres d’Alexander De Croo et croise les doigts pour que son pari paie. Groen joue le jeu de la famille écologiste qui veut à tout prix ne pas faire de vagues, malgré des couacs, comme l’affaire Haouach.
PS et MR posent plus de problèmes. Le MR qui, par la voix de son président, a choisi parfois la voie de la particip-opposition durant la crise sanitaire, jusqu’à mettre par deux fois Alexander De Croo en grande difficulté. Et le PS qui après avoir engrangé plan de relance et accord salarial, effectue une rentrée en mode conquête à grand renfort de plan presse, quitte à nourrir l’image véhiculée par la N-VA en Flandre d’un gouvernement dirigé depuis Charleroi. Image inversée du gouvernement suédois, où les socialistes dénonçaient un gouvernement dirigé depuis Anvers.
Au fond, avec 7 partis dans le gouvernement, cette agitation semble assez logique, et pour tout dire assez limitée.
La question c’est de savoir dans quelle mesure cela risque de compromettre la capacité du gouvernement de décider et de poser des actes pour les grandes réformes qui l’attendent, pensions, fiscalité, budget, marché du travail, réforme de l’État.
Reprenons notre question : est-ce que gouverner la Belgique est possible ? La principale leçon de cette année écoulée, c’est que oui c’est possible, quand il y a une pandémie. Mais le monde d’après c’est maintenant et là, la question reste entière.