Chroniques

Les coulisses du pouvoir : la bataille du cash

Les coulisses du pouvoir

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Par Bertrand Henne via

Le ministre de l’Economie Pierre-Yves Dermagne a été rudement questionné hier à la Chambre sur l’accessibilité à l’argent cash et à la disparition des distributeurs de billets. La bataille du cash ne fait que commencer.

Problème

Hier à la chambre ça ressemblait parfois à un match de catch mais c’était surtout un match de cash. Ce n’est pas du chiqué, le problème est réel. L’accessibilité au cash, la possibilité d’aller retirer des billets facilement à un distributeur, s’est fortement réduite ces dernières années pour les Belges. A tel point qu’on parle de pénurie de distributeurs. Un chiffre : il y avait près de 6000 distributeurs il y a deux ans, il n’y en aura plus que 3700 fin de l’année prochaine. Une baisse drastique qui succède déjà à une baisse de 50% en 10 ans. Bref le cash se fait la malle.

Le problème est connu : digitalisation. Nous payons de plus en plus par carte et le cash coûte plus cher pour les banques. Elles poussent aux paiements électroniques et suppriment les agences et les distributeurs.

Un plan…

Les grandes banques sentant venir le vent de la régulation et de l’obligation ont préféré avancer seule, elles ont un projet qui prévoit donc 3700 distributeurs, le fameux projet Batopin. Il a provoqué l’ire de nombreux bourgmestres mis souvent devant le fait accompli. Ils sont plusieurs à avoir découvert que leur commune n’avait plus ou presque plus de distributeur. Le problème est surtout criant en Wallonie et dans les zones rurales wallonnes. Batopin suscite aussi l’ire des associations comme Test Achat ou Financité.

Après d’âpres discussions le ministre Dermagne (PS), a annoncé un accord la semaine passée. Ce sera plus ou moins 300 machines de plus que prévu par les banques via Batopin. Le ministre met en avant des nouvelles exigences pour combler des zones blanches de distributeurs.

Insuffisant pour l’opposition "Les Engagés" et le PTB qui, hier, ont dénoncé “une capitulation en rase campagne face aux banques”. L’opposition qui a aussi souligné qu’outre le manque de distributeurs, il devenait plus compliqué de payer en cash, par exemple à la SNCB qui n’acceptera plus les paiements en liquide dans les trains.

Pierre-Yves Dermagne a défendu son texte et annoncé qu’il remettrait sur la table une initiative pour rendre obligatoire la possibilité de paiement en liquide. En fait le principe existe, mais des exceptions peuvent être invoquées, notamment comme la SNCB au nom de la sécurité. Le problème, c’est qu’il y en a de plus en plus.

Hors catégorie

La disparition progressive du Cash est en tout cas un problème politique hors catégorie qui défie les clivages classiques. C’est à droite, du côté des libéraux classiques ou des libertariens, qu’on retrouve les plus fervents défenseurs du cash. Au nom de la vie privée, au nom du droit de propriété, ils craignent une mise sous tutelle de la population et de son épargne. Mais,  dans le même temps, on trouve des libéraux technophiles qui adorent le paiement électronique. Des libéraux qui considèrent qu’avec l’horizon des cryptomonnaies, l’avenir est à la dématérialisation de l’argent.

A gauche personne ne semble fan de la numérisation de l’argent, mais on concède volontiers que les paiements électroniques permettent de diminuer la fraude et de faciliter le contrôle et la récolte de l’impôt. Pourtant, là aussi, on trouve des défenseurs du cash. A gauche certains considèrent presque les distributeurs de cash comme un service universel que devrait rendre l’ennemi honni: les grandes banques. Un débat hors catégorie donc qui, soyons cash, ne fait que commencer.

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