Très répandue dans les zones humides, la balsamine de l'Himalaya est une plante invasive. Elle a souvent mauvaise presse, comme ses copines la berce du Caucase, la renouée du Japon. Mais n'aurait-elle pas une "botte secrète" ? Une doctorante de l'Umons s'est intéressée à l'effet de la balsamine sur les abeilles et bourdons. Verdict : la balsamine pourrait agir comme un médicament naturel.
Depuis deux ans, Nathalie Roger, doctorante à l'Umons, parcourt les berges de cours d'eau et s'aventure dans des zones humides. Elle traque la balsamine de l'Himalaya. Débusquer cette plante envahissante n'est pas très difficile, admet la jeune femme. "Tout le long des cours d'eau, dans la région de Mons, on en trouve".
Nous sommes à deux pas des Grands Prés, le long d'un canal. Des bosquets de balsamine se dressent devant nous, à la lisière de l'eau. "Vous voyez elle est là, et là aussi... Avec ses grosses fleurs roses, très odorantes! Juillet, c'est la période de floraison maximale. Elle est très visitée par les bourdons".
Nathalie Roger en a attrapé de nombreux spécimens, puis elle a comparé les bourdons. Ceux qu'elle avait trouvés près de la balsamine de l'Himalaya. Et puis les autres, "de la même espèce, capturés le long des berges, dans le même biotope, mais sur des zones où la plante envahissante ne pousse pas".
Quelles conclusions tire-t-elle de l'expérience? "Il s'avère que les bourdons capturés sur les zones avec la plante envahissante sont moins parasités. La fréquence de trois parasites différents est moindre. Ce qui signifie que cette plante pourrait avoir un effet de médicament naturel sur les bourdons".
D'où l'intérêt de ne pas arracher tous les plants de balsamine (Ndlr: régulièrement, des campagnes d'arrachage de la balsamine de l'Himalaya sont organisées, le long des rivières) ?
"Voilà. Mais en gardant bien à l'idée que cette plante envahissante ne doit pas prendre le dessus sur les autres plantes. Tout est une question d'équilibre. Peut-être que d'autres plantes invasives, comme la renouée du Japon, mériteraient que l'on focalise les effort sur elles? La balsamine de l'Himalaya se révèle assez intéressante pour certaines abeilles..."
D'autres plantes font office de médicaments naturels pour les abeilles et les bourdons. "Le jasmin de Virginie, par exemple, tout comme une espèce de tabac", précise Nathalie Roger. Ces plantes contiennent des molécules appelées alcaloïdes. Dans le cas de la balsamine, ce serait plutôt les flavonoïdes qui aideraient les abeilles. "On en a déjà observé dans la tige de la balsamine de l'Himalaya", explique la doctorante. "Il faut savoir que cette plante est utilisée en Asie, car on a constaté son effet soignant, sur les humains. Des scientifiques ont étudié les flavonoïdes présents dans la tige. Reste à voir s'ils peuvent être présents également dans le nectar, le pollen. Ce qui expliquerait les bienfaits constatés sur les bourdons, et cette action anti-parasitaire".
Les parasites, justement, sont-ils un réel problème pour les insectes pollinisateurs ? Causent-ils de gros dégâts ? "Ce problème est de plus en plus présent", nous confirme Nathalie Roger, "parce qu'on a des abeilles affaiblies, à cause des pesticides, de divers facteurs intervenant dans le déclin des populations. On a des abeilles qui ont beaucoup plus de parasites".
Pas de vacances au soleil pour Nathalie, qui passera le reste de l'été à rédiger sa thèse. Elle défendra son travail en septembre, devant un jury de spécialistes.