Santé & Bien-être

L'obésité, ce fléau en Europe : 60% de la population est concernée

Par Anthony Roberfroid avec Damien Hendrichs (Infographies)

Près de 60% de la population européenne est en surpoids ou atteinte d’obésité. C’est un lourd constat qui ressort de la dernière étude de l’Organisation Mondiale de la Santé dévoilée ce mardi. Et les tendances sont à la hausse depuis plus de 40 ans. Entre 1975 et 2016, le nombre d’adultes obèses a augmenté de 138%, avec une accélération encore plus importante de 21% entre 2006 et 2016.

Face à cette observation, l’OMS tire dès lors la sonnette d’alarme face à un "grave danger de santé publique". D’après les calculs de l’organisation, aucun membre de la région européenne n’est en mesure d’enrayer la progression de l’obésité d’ici 2025.

Pour établir si une personne est en surpoids ou trop maigre, l’Organisation Mondiale de la Santé se base sur l’IMC, une unité de mesure dont le calcul consiste à diviser le poids par la taille au carré (kg/m²). Si l’IMC est plus élevé que 25, la personne est considérée comme en surpoids. Les personnes obèses ont quant à elles un IMC plus élevé que 30.

Bien que cette mesure soit critiquée, notamment dans le cas des sportifs ou des femmes enceintes, cet indicateur permet tout de même de catégoriser assez précisément la situation corporelle de chacun.

Les hommes plus touchés que les femmes

En Europe, 59% des citoyens sont en surpoids. Ce sont les hommes qui tirent ce chiffre vers le haut, ils sont 63% à être au-dessus d’un poids dit "normal". Du côté des femmes, elles sont près d’une sur deux à être en surpoids (54%).

Dans le compte des 59% d’adultes en surpoids, 23% sont catégorisés comme "obèses", soit près d’un Européen sur quatre. Dans ce cas de figure, les femmes sont plus touchées par l’obésité (24%) que les hommes (22%).

La Belgique quant à elle se tient dans la moyenne européenne. 59% des Belges sont en surpoids, dont 67% des hommes et 52% des femmes. 23% de la population belge est considérée comme "obèse", mais les hommes sont plus nombreux à être touchés (24%) que les femmes (22%).

© Damien Hendrichs
Prévalence du surpoids et de l'obésité chez les adultes dans la Région européenne de l'OMS, par sexe. (1975-2016)
Prévalence du surpoids et de l'obésité chez les adultes dans la Région européenne de l'OMS, par sexe. (1975-2016) © OMS

Les jeunes ne sont pas épargnés

La prise de poids ne touche pas seulement les populations adultes, les jeunes sont également touchés par le phénomène. En Europe, près d’un enfant sur huit (11,6%) âgé de 5 à 9 ans est atteint d’obésité et près d’un sur trois (29,5%) est en surpoids. La situation tend cependant diminuer légèrement à l’adolescence puisque chez les 10-19 ans, ils sont 7,1% à être obèses et 24,9% à être en surpoids.

En Belgique, on estime que 5% des enfants de moins de 5 ans sont en surpoids. Et cette part augmente rapidement avec l’âge : près de 26% des jeunes de 5 à 9 ans sont en surpoids et 9% sont obèses. Ces chiffres suivent néanmoins la même tendance européenne à la baisse pour les adolescents puisque chez les 10-19 ans, ils sont 23% à être en surpoids et 7% à être obèses.

À noter également que les jeunes flamands sont légèrement moins touchés par le phénomène que les jeunes wallons.

Une des raisons avancée par l’OMS pour expliquer le développement de l’obésité chez les jeunes enfants est le surpoids de la mère lors de la grossesse. Le développement de l’obésité au sein de la population féminine entraîne dès lors une augmentation de l’obésité des générations futures.

Néanmoins, l’organisation note que des interventions pour prévenir le surpoids dans les phases critiques de la vie (grossesse, jeune enfance, adolescence) sont susceptibles de briser le cycle intergénérationnel de l’obésité.

© Damien Hendrichs
Prévalence du surpoids et de l'obésité chez les enfants et les adolescents âgés de 5 à 19 ans dans la Région européenne de l'OMS, par sexe (1975-2016)
Prévalence du surpoids et de l'obésité chez les enfants et les adolescents âgés de 5 à 19 ans dans la Région européenne de l'OMS, par sexe (1975-2016) © OMS

Le niveau d’éducation influe sur le poids

Dans son rapport, l’OMS pointe la proportion plus élevée d’obésité chez les adultes ayant un niveau d’éducation inférieur. Les chiffres montrent que dans la plupart des pays, plus le niveau d’étude est faible, plus les chances d’être obèse sont grandes.

En Belgique par exemple, seuls 8% des hommes ayant un haut niveau d’éducation sont atteints d’obésité, contre 16% pour ceux ayant un niveau faible. Chez les femmes, les chiffres sont d’autant plus marquants : parmi celles ayant un niveau d’études plus élevé, seules 7% sont obèses, contre 20% pour les moins éduquées.

Les enfants de leur côté subissent également cette spécificité. Ceux vivant dans une famille au niveau d’éducation moins élevé (et souvent à bas revenus) sont susceptibles d’être plus touchés par l’obésité.

La pandémie de Covid-19 a amplifié le phénomène

La crise sanitaire a fortement modifié les habitudes de vies de nombreux Européens. Les différents confinements ont démocratisé le télétravail et engendré la création d’un environnement numérique obésogène, avec notamment la hausse de popularité des applications de livraisons de repas.

Les données préliminaires récoltées par l’OMS suggèrent que les niveaux d’obésité chez les enfants et les adolescents augmentent en raison de la pandémie de Covid-19. Les études montrent d’ailleurs une diminution de l’activité physique et une augmentation de la consommation d’aliments riches en graisses, en sucre et en sel chez les jeunes, ce qui pourrait expliquer l’augmentation du surpoids dans cette catégorie de la population.

L’excès de poids présente de nombreux dangers pour la santé

Complications musculosquelettiques, maladies respiratoires chroniques, maladies cardiovasculaires, diabète, cancer… Être en surpoids peut provoquer de nombreux problèmes de santé.

Selon des estimations récentes, le surpoids et l’obésité causent chaque année plus de 1,2 million de décès en Europe, ce qui représente plus de 13% du total des décès derrière l’hypertension artérielle, les risques alimentaires et le tabagisme. De plus, l’obésité représente un grand coût pour la société puisqu’on évaluait en 2014 que 8% des dépenses de santé en Europe étaient destinées à traiter les conséquences d’un poids trop élevé.

L’OMS note également que dans certains pays, l’obésité pourrait dépasser le tabagisme comme principal facteur de risque de cancer dans les prochaines décennies.

Quelles solutions pour combattre l’obésité ?

Pour combattre l’épidémie d’obésité en Europe, l’OMS appelle les pays européens à agir. L’organisation propose d’ailleurs de nombreuses recommandations pour réduire la voilure.

Il est notamment conseiller de taxer d'avantage la malbouffe et de diminuer la quantité des portions vendues. L'OMS imagine en outre une restriction du marketing et de la publicité autour des ces produits, notamment sur internet.

La communication envers le public est également recommandée, avec la création de campagnes médiatiques prônant un mode de vie sain et équilibré. L'éducation à la santé et aux bon comportements est aussi prescrite par l'OMS, qui estime que tant les écoles que les entreprises ont un rôle à jouer dans ce combat. 

Une attention est aussi portée aux femmes enceintes puisque l'OMS rappelle l'importance de l'allaitement pour les nouveau-nés et recommande la création de bons pour subsidier l'achat de nourriture saine pour bébés. 

Enfin, l'OMS salue l'adoption du Nutri-score par plusieurs pays européens, dont la France et la Belgique. Ce système permet aux consommateurs de savoir en un coup d'œil si le produit qu'il achète est bon ou non pour la santé. Cependant, ce système est sujet à controverse pour certains produits.

Des frites "A" et de l'huile d'olive "D", peut-on se fier au Nutri-score ?

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