Victime d’une inondation en 2016, le musée du Domaine royal de Marly, résidence de plaisance proche de Versailles où Louis XIV invitait ses intimes, rouvre ses portes samedi après trois années de travaux.
"Il fallait réclamer pour venir à Marly", raconte Géraldine Chopin, la responsable des lieux. "Sire, Marly", chuchotait-on à l’oreille du roi, pour avoir l’insigne honneur d’être son invité. Outre sa famille, le Roi-Soleil ne conviait que la haute noblesse durant les "Marlys", ces séjours de quelques jours qu’il effectuait très fréquemment dans cette résidence de chasse. Ne pas y être invité était perçu par les courtisans comme une disgrâce.
Cette résidence à l’architecture éclatée était composée d’un pavillon royal carré, inspiré des villas palladiennes et de 12 pavillons plus petits, réservés aux invités et construits autour d’immenses bassins aux eaux jaillissantes. L’ensemble est rapidement érigé à partir de 1679, sous les ordres de Jules Hardouin-Mansart, alors même que le château de Versailles est en plein remaniement.
Un immense parc
À Marly, "pas de débauche d’ornements" dans les appartements royaux, "on n’est pas à Versailles, pas là pour épater la galerie", résume Mme Chopin. De la résidence même, il ne subsiste rien aujourd’hui, sinon les marques de son emplacement, en contrebas du musée, ainsi que l’immense parc aux arbres séculaires tout autour et plusieurs bassins. Les treize pavillons ont été totalement démantelés après la Révolution.
Le musée, ouvert en 1982 et réaménagé pour un coût total de 1,6 million d’euros, permet néanmoins de se représenter la vie durant ces "Marlys", à l’ambiance festive et à l’étiquette moins stricte qu’à la cour : on y dansait, écoutait de la musique, chassait, jouait des fortunes aux cartes, retrace Mme Chopin. On y canotait aussi sur les bassins couverts de faïence, on s’y égayait dans les allées du jardin à la française, peuplé de statues. Escarpolettes (balançoires où pouvaient prendre place quatre personnes) et ramasses (ancêtre des montagnes russes) complétaient les réjouissances.
Curiosité technologique pour l’époque, les rouages de la "machine de Marly", qui permettait d’acheminer l’eau de la Seine pour alimenter les cascades et les bassins via un aqueduc (toujours visible à Louveciennes), y sont expliqués de manière très didactique, au travers de maquettes, dessins et peintures. Pour rendre l’expérience des "Marlys" encore plus interactive, le musée propose également de revivre aux côtés du Roi-Soleil l’éclipse partielle observée en personne par le monarque le 3 mai 1715, alors qu’il se trouve à Marly, grâce à un casque de réalité virtuelle.