Dans "Lady Bird", tous les personnages – même ceux qui n’ont que quelques scènes – sont justes, drôles, émouvants… Et que dire de l’héroïne elle-même, sinon qu’elle est campée avec un talent fou par Saoirse Ronan, jeune actrice qui, depuis sa plus tendre enfance, enchaîne les films marquants comme "Atonement" ou plus récemment, le merveilleux "Brooklyn" (Ronan a remporté le Golden Globe de la meilleure actrice dans une comédie grâce à "Lady Bird").
L'interview intégrale de Saoirse Ronan
Vous avez commencé votre carrière très jeune, vous avez eu une enfance très spéciale, pouvez-vous facilement comprendre le personnage de Lady Bird, et ses rêves ? comment jouer ce rôle ?
Saoirse Ronan : Je l'ai comprise immédiatement, je pouvais comprendre les sentiments qu'elle ressentait, ce besoin de sortir, d'aller dans des endroits nouveaux, pour prendre conscience de qui elle était, se découvrir… c'était très intéressant parce que j'avais une certaine compréhension de l'expérience qu'elle vivait et je ne savais pas nécessairement comment l'exprimer, au début du moins.
Et donc, c'est devenu, de moment en moment, de scène en scène, une découverte totale de qui elle était, parce qu'elle change constamment, elle évolue, elle essaie d'exprimer différentes personnalités pour voir laquelle est la plus adéquate. Rétrospectivement, ça a du sens que ça se soit passé comme ça mais je me souviens que sur le moment, c'était, ok, on fait ça maintenant, on ressent ça maintenant, et maintenant elle est là.. vous savez quand vous êtes adolescent, vous passez d'un extrême à l'autre, et donc, c'est finalement comme ça que ça s'est passé.
C'est un portrait féminin écrit et réalisé par une femme, c'est important de le dire, avez-vous ressenti une complicité immédiate avec Greta ? parce que vous pouvez senti ce personnage à deux étapes de son parcours ?
Oui, Lady Bird vient d'elle, et même si ce n'est pas "elle" sous une forme cinématographique, il y a beaucoup d'elle dans le personnage, et c'est une histoire semi-autobiographique, elle a grandi à Sacramento, elle a fait du théâtre musical, elle voulait devenir un auteur, elle voulait aller à New York, il y a tellement de sentiments qui sont vrais dans ce film, pour elle et pour moi également. Et donc, avoir quelqu'un comme elle comme "guide" tout au long du film en a fait quelque chose de spécial et évidemment, ça a été plus facile pour l'incarner. Mais je pense que ça a été une découverte pour nous deux : dès que nous nous sommes rencontrées, nous avons sympathisé, cette relation a grandi avec le temps, et nous avons vraiment ressenti cette collaboration entre nous deux.
Le film est une collection de moments, bien sûr il y a une histoire, mais elle se construit par différentes scènes.. Quelle a été la scène la plus difficile à recréer pour vous ?
Laquelle ? on ne s'inquiète pas tellement de ce genre de scène. Mais je pense à la scène quand nous nous disputons, Beanie ("Julie Steffans") et moi, c'est une scène qui a mis du temps à se mettre en place, parce que nous ne voulions pas la rendre trop.. nous voulions la rendre amusante à cause des dialogues, et nous ne voulions pas lui faire perdre de son poids. Rien n'était vraiment trop difficile, parce que nous avions déjà travaillé ensemble, mais cela a pris du temps. Et ensuite, la scène entre Lucas ("Danny O'Neill") et moi, quand nous nous embrassons pour la première fois, après la danse.. Nous étions à l'extérieur, de nouveau c'est un moment calme, et il était très important que nous trouvions le bon équilibre parce que l'une des choses que nous avions à l'esprit était que c'était leur premier baiser d'adolescents et parce que nous étions plus âgés, nous avions un peu oublié la sensation que ça représentait .. et Greta voulait que nous nous rappelions ça .. mais de scène en scène, si un défi se présentait, on y travaillait ensemble et on trouvait un moyen pour le dépasser.