L'interminable feuilleton de la saison de Romelu Lukaku : blessures, triplé salutaire, concurrence et racisme

Son retour à l'Inter devait marquer la fin de son chemin de croix. Banni depuis six mois à Chelsea eu égard à une interview dans laquelle il reconnaissait regretter sa période milanaise, Lukaku avait obtenu de revenir dans la ville qui l'avait fait champion d'Italie. Problème : son départ des Nerazzurri aux Blues un an plus tôt avait également laissé des traces au sud des Alpes, les tifosi lui reprochant d'être un mercenaire infidèle. Le voilà engagé dans une double lutte : retrouver sa forme physique tout en regagnant le coeur des supporters. Après des débuts encourageants, il plonge à nouveau dans un cercle vicieux rempli de blessures.

Ses semaines à l'infirmerie se transforment en mois et il suit 24 rencontres de son équipe depuis l'infirmerie. Dès le mois de novembre, il est entendu qu'il n'est pas apte pour débuter la Coupe du monde au Qatar avec les Diables. Sélectionné par Roberto Martinez, il est rafistolé pour le match contre le Maroc et dispute la deuxième mi-temps contre la Croatie, manquant plusieurs occasions de donner aux Diables une avance salvatrice. Ses pleurs dans les bras de Thierry Henry au coup de sifflet final serrent le coeur de tous les Belges : après avoir tenté l'impossible pour aider son pays, il échoue à quelques millimètres de renforcer son statut d'icône national.

Reparti de Doha la mort dans l'âme, Lukaku parvient néanmoins à se remobiliser pour son club. Dominés par Naples et par l'AC Milan, les Intéristes mettent les bouchées doubles pour ravaler leur retard. Désormais flanqué d'un concurrent de luxe en la personne d'Edin Dzeko, Lukaku doit batailler pour sa place. Sur cette deuxième partie de saison, il n'inscrit que deux buts en championnat et compte sur la fenêtre internationale pour retrouver la confiance. Un plan couronné de réussite puisqu'il inscrit un triplé face à la Suède et un autre but contre l'Allemagne. En deux rencontres dans cet environnement fraternel, il plante plus de buts que sur l'ensemble de l'exercice en Serie A.

Début du mois d'avril, Romelu Lukaku ravive sa meute de haters en ratant l'immanquable face à la Fiorentina. Cette occasion manquée symbolise les maux de l'Inter, qui concède un zéro sur neuf qui les condamne à ne jouer que les accessits en Serie A. Leur saison se joue désormais sur les Coupes. En Ligue des champions, ils affrontent Benfica alors qu'ils ont rendez-vous avec la Juventus en demi-finale. C'est lors du match au Juve Stadium que la saison de Lukaku prend un nouveau tournant. Il égalise au bout des arrêts de jeu sur penalty et célèbre son but en plaçant son index sur sa bouche, l'autre main mimant un salut militaire. Une célébration anodine, qu'il effectue à l'occasion, mais interprétée comme un geste de provocation par l'arbitre Davide Massa qui lui adresse un second carton jaune. Ce geste était une réponse à des comportements ostensiblement racistes venus des tribunes de la Juve. Comme en 2019 à Cagliari, le voilà à nouveau pris pour cible. Le joueur a réagi en espérant que "la ligue prendra vraiment des mesures cette fois". L'Inter a abondé en témoignant "notre soutien, notre affection et notre solidarité".