Aujourd’hui, toutes ces données sont connues de l’algorithme, qui "apprend" encore, au fur et à mesure des chutes réelles de personnes âgées, détectées par les capteurs. Dans les bureaux de sa start-up, équipés d’une chambre-laboratoire, Eric Krzeslo, CEO de MintT, décrit le fonctionnement du système : "ISA fonctionne avec un capteur 3D. Ce n’est pas une caméra, c’est un capteur qui voit les objets en trois dimensions sur base d’une intelligence artificielle qui a été développée grâce à l’accumulation de données que nous avons pu faire ces dernières années. L’intelligence artificielle analyse l’environnement en continu : le sol, les meubles, les obstacles, les personnes, les comportements, comme une sortie de lit, une agitation, une chute. Et en fonction des circonstances, envoie une alarme et des informations pertinentes au médecin."
Faire chuter les chutes
La chute est fréquente chez la personne âgée : elle concerne 30% des résidents des maisons de repos. A la résidence La Rose, on détecte ainsi une à deux chutes par semaine, parmi les 95 résidents. En moyenne, dans une maison de repos de 80 lits, 400 chutes sont recensées par an. Mais 70% d’entre elles ne sont pas détectées par le personnel. La nuit, en particulier, le personnel de gériatrie ou de maison de repos est en nombre limité : la victime d’une chute peut ainsi rester très – trop – longtemps au sol, avant qu’un membre du personnel soignant ne vienne la relever. Les chutes provoquent souvent des fractures, en particulier la fracture de la hanche. Tout cela représente un coût élevé pour l’INAMI : soins hospitaliers, revalidation, …
"Cela répondait à un problème majeur, explique le Dr Jean-Claude Lemper, président du Collège belge de gériatrie. Cela fait des décennies que l’on se rend compte qu’il y a un souci majeur et on essaye de faire des tas de choses qui ne marchent pas. Ce qu’il faut donc faire, pour les chutes, c’est les détecter – c’est le projet de l’instrument - et analyser les conditions de chute, et tenter de les prévenir. Heureusement, malgré ce nombre important de chutes, il n’y en a que 5 à 10% qui vont donner des catastrophes."
L’une des conséquences les plus lourdes, c’est la classique fracture de hanche, compliquée de conséquences morbides : troubles de la marche, perte d’autonomie, mortalité…