Pour mieux comprendre, nous nous rendons au centre Iridia, le laboratoire de recherche en intelligence artificielle de l’Université libre de Bruxelles. Nous avons rendez-vous avec Hugues Bersini. Il est professeur d’informatique et directeur d’Iridia, il y travaille depuis les années 80. Il revient pour nous sur les méthodes d’apprentissage de l’IA (intelligence artificielle) :
" Pour moi, il y a deux IA, que je me plais à nommer : consciente et inconsciente. Parce que chez nous aussi, être humains, nous avons deux façons cognitives de fonctionner. Il y a une manière très consciente : le raisonnement, la cognition. Et puis, il y a une manière beaucoup plus inconsciente, par exemple quand on conduit une voiture ou que l’on reconnait un visage. Ça ne met pas en avant le même type d’intelligence. Pour l’IA, on a un peu les deux mêmes types de fonctionnements. Il y a une IA consciente et inconsciente. La consciente, par exemple c’est le jeu d’échecs ou le GPS. Quand vous devez choisir le chemin le plus court, le GPS peut évaluer tous les trajets et choisir la meilleure route. Un peu comme nous pourrions le faire, mais la machine le fait mieux que nous et beaucoup plus vite que nous. C’est notre intelligence à nous, mais multipliée par la machine. Il y a une autre IA, celle que je nomme inconsciente. Celle-ci se base sur l’apprentissage et elle donne beaucoup plus d’autonomie aux machines. Nous aussi nous avons une forme d’apprentissage, par exemple lorsque vous conduisez une voiture. On a beau vous expliquer la première fois comment on la conduit, vous allez devoir vous mettre au volant et la tester. C’est votre corps qui va apprendre à maitriser le véhicule. Eh bien, l’autre IA fonctionne un peu comme ça aussi. C’est-à-dire qu’elle va devoir apprendre d’elle-même à jouer au tennis, à conduire une voiture… Cette forme d’IA nous échappe un peu, mais on demande qu’elle nous échappe, puisqu’elle doit apprendre par elle-même. Par exemple, l’ordinateur qui a gagné contre le meilleur joueur de Go a appris par lui-même à jouer à ce jeu. C’est un logiciel qui jouait contre un autre logiciel. Cette autonomie couplée à des facultés de calcul incroyables leur permet aujourd’hui de réaliser des tâches tout à fait exceptionnelles. "