Belgique

L'Institut pour l'égalité des hommes et des femmes se mêle à l'affaire d'Haron Zaanan

Haron Zaanan et Philippe Close se sont rencontrés pour parler de l’incident survenu au Drug Opéra.

© Haron Zaanan

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Par Belga

L'Institut pour l'égalité des hommes et des femmes a été saisi pour avis par les responsables du Drug Opéra, un restaurant du centre de Bruxelles. Il a en conséquence appelé l'influenceur, mannequin et styliste non binaire Haron Zaanan (19 ans) à introduire un signalement auprès de ses services afin d'obtenir son accord pour que le dossier puisse être traité plus largement et qu'une conciliation puisse être initiée, a expliqué vendredi Véronique De Baets, la porte-parole de l'institut public fédéral.

Un responsable du Drug Opéra lui a demandé dimanche soir de couvrir ses épaules dénudées ou de quitter l'établissement. Haron portait un bustier. "Ce n'est pas parce que le responsable m'a dit que ce n'était pas une question de genre, que ça ne l'est pas. Et justement ça l'est", a estimé Haron Zaanan, non-binaire qui s'identifie tant aux pronoms il que elle, après les faits.

 

La scène a été filmée et a été diffusée sur les réseaux sociaux. "Cette vidéo a une grande valeur en termes de sensibilisation du public et on peut d'ailleurs saluer la réaction des clients qui ont quitté le restaurant en réaction", a commenté Véronique De Baets. "On avait mené en 2018 une étude sur les discriminations vécues par les personnes transgenres et celles qui s'habillent en fonction de leur identité de genre ressentie sont la cible de nombreuses discriminations et de harcèlement. C'est aussi une des raisons pour laquelle moins de la moitié des personnes trans vivent en accord avec leur identité de genre, car c'est compliqué à assumer au quotidien. Environ la moitié des personnes trans évitent certains lieux de peur d'être agressées".

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Haron Zaanan n'a pas encore déposé plainte. Sur base de la loi anti-discriminations de 2007, le prejudicié peut obtenir au civil 1.350 euros de dédommagement. 

La direction s'excuse

La direction du Drug Opera a réagi mercredi soir par voie de presse en lui présentant ses excuses, mais a réaffirmé qu'il n'y avait aucun sentiment transphobe à l'origine des faits. "Il avait déjà fréquenté notre établissement par le passé, sans susciter la moindre réaction négative de notre part. Nous nous sommes retrouvés ce 30 janvier dans une situation inconfortable entre devoir répondre aux plaintes de certains clients qui ont indiqué être dérangés par la tenue vestimentaire d'Haron Zaanan et ne pas manquer de respect envers ce dernier". C'est le choix d'accéder à la demande des clients qui pose question, étant donné que porter un bustier laissant voir les épaules n'est pas considéré comme indécent pour une femme cisgenre.

La direction a cependant pris l'initiative de contacter l'Institut pour l'égalité des hommes et des femmes pour apprendre à mieux réagir à l'avenir dans ce type de situation. Dans ses dernières recommandations, ce dernier appelle notamment à développer les formations, d'autant plus quand il y a eu des faits de discrimination, dans le secteur des biens et services.

C'est un non-respect absolu des identités de chacun·es

"C'est un non-respect absolu des identités de chacun·es", a défendu jeudi Jean-François Cannoot, coordinateur de la Maison arc-en-ciel, plateforme des associations LGBTQIA+ (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres, queers, intersexes, asexuels et autres). "On est ici manifestement sur un fait de transphobie".

Afin de contrer les préjugés qui mènent au rejet des personnes transgenres, la Maison arc-en-ciel a appelé à renforcer les initiatives visant à informer les établissements commerciaux sur le cadre légal en matière de genres et de discriminations et sur ce qui peut être exigé ou non par une clientèle. Elle souligne encore que, selon l'agence européenne des droits fondamentaux (FRA), 22 % des personnes LGBTQIA+ ont été la cible de discriminations dans le secteur horeca en Belgique.

Sur le même sujet: CVQLD du 01/02/2022

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