Dans les cas les plus extrêmes, les enfants vont "se mutiler la langue ou les doigts lors des premières poussées dentaires". Puis avoir "tout un tas d'accidents en se brûlant ou en continuant à marcher sur des membres fracturés, qui cicatrisent mal"... Si la pathologie est détectée assez tôt, "il faut leur apprendre ce qui est inné chez les autres : à se protéger", indique-t-il.
Mais de nombreuses situations restent très problématiques : une simple appendicite, qui se manifeste par de la fièvre mais aussi par une forte douleur, peut par exemple se transformer en infection généralisée de l'abdomen si elle n'est pas prise à temps.
Décrite pour la première fois dans les années 1930, l'insensibilité à la douleur s'explique, selon plusieurs études, par des mutations génétiques qui empêchent le développement des récepteurs de la douleur ou obstruent leur fonctionnement.
Dans la plupart des cas, un enfant a une chance sur deux d'être atteint si ses deux parents sont porteurs de l'anomalie génétique.
D'autres études ont montré qu'une production excessive d'endorphines (des hormones ayant un puissant effet antidouleur) dans le cerveau pourrait aussi être en cause.
Si aucun traitement n'existe face à cette maladie particulièrement invalidante, la mise en évidence des anomalies qui l'expliquent a au moins permis d'identifier le rôle crucial que jouent certaines molécules face à la douleur, souligne le Dr Bouhassira. Or mieux comprendre la douleur permettra sans doute de "contribuer à développer de nouveaux antalgiques" qui pourraient profiter à tous ceux qui la ressentent, parie-t-il.