L’industrie chimique et pharmaceutique a été bousculée par la crise sanitaire en 2020. Forcément, a-t-on envie de dire, mais au final, ce secteur s’en tire plutôt bien : son chiffre d’affaires global (61 milliards d’euros) a effectivement baissé de 6% par rapport à 2019. Mais les entreprises du secteur ont continué à embaucher beaucoup. 1500 personnes de plus engagées en 2020, explique Yves Verschueren, l’administrateur délégué d’Essenscia, l’organisation patronale du secteur : "Avec 95.506 emplois, nous réalisons la meilleure performance sur les 10 dernières années. Nous retrouvons un niveau d’emploi que nous n’avions plus connu depuis presque 20 ans puisque c’était en 2003, la dernière fois que nous étions au-dessus des 95.000 emplois. Cela peut se traduire autrement par l’embauche tous les mois de 120 nouveaux talents qui rejoignent notre industrie".
Biotechnologies et pharmacie
L’emploi s’est évidemment surtout développé dans deux sous-secteurs clés : les biotechnologies et la pharmacie. Elles ont le vent en poupe. Elles confirment une fois encore que ce sont vraiment deux moteurs importants de notre croissance économique. Les industries du secteur ont continué à investir massivement malgré la crise : en 2020, les entreprises affiliées à Essenscia ont investi 2,4 milliards d’euros au total. C’est un montant record, poursuit Yves Verschueren : "Pour la cinquième année consécutive, notre secteur a investi plus de 2 milliards d’euros sur base annuelle dans des infrastructures qui lui permettent de contempler l’avenir avec une certaine confiance. Que ce soit des expansions de capacité, que ce soit dans la modernisation des installations pour être plus efficaces, très souvent aussi, pour être plus en phase avec la demande écologique à laquelle la société aspire".
Ces gros investissements sont faits notamment autour du port d’Anvers, le cœur de la chimie en Belgique. C’est un maillon essentiel de cette industrie, mais il y a aussi pas mal d’investissement en Wallonie, "avec une extension majeure, encore une fois, du site de GSK à Wavre et Rixensart ; et également une modernisation des installations à Tertre, sur le site de Yara. Et puis, dans le domaine de la biotech, que ce soit à Charleroi, chez Catalent ou que ce soit à Jumet pour Univercells, chaque fois, des extensions de capacités qui permettent de monter en force dans la production de vaccins ou de nouvelles solutions de biotechnologie".
Recherche et développement
Les dépenses liées à la recherche et le développement sont considérables dans ce secteur : 5,5 milliards d’euros en 2020, essentiellement grâce aussi aux biotechs et aux pharmas. En 2021, ce secteur perçoit déjà des signes incontestables de reprise, mais c’est une reprise qu’Yves Verschueren qualifie de "fragile". Son baromètre, en l’occurrence, c’est le taux d’utilisation des capacités de production : "Par rapport à une tendance moyenne sur dix ans d’utilisation d’à peu près 80% : 79,9%. Nous remarquons que même s’il y a une augmentation et une amélioration au début de cette année-ci, nous restons encore toujours en dessous de l’utilisation moyenne de capacités. Il est très clair que le dernier cycle de haute conjoncture se situait dans les années 2017-2018 et que même avant la crise du Corona, en 2020, on avait déjà vu un ralentissement de l’activité au sein du secteur au cours de l’année 2000".
Le taux d’utilisation des capacités de production est un élément important dans l’analyse d’un secteur parce que, à partir du moment où vous dépassez un certain seuil, par exemple 80% de taux d’utilisation des capacités, il devient nécessaire d’investir dans de nouveaux équipements, de nouvelles machines et c’est pour cela que c’est un baromètre du secteur. Prudence donc, en tout cas pour la suite. Dans la chimie, la reprise est là, mais le secteur attend une confirmation, voire une accélération.