La banque centrale indienne a annoncé mercredi une hausse inopinée de 0,4% de ses taux d'intérêt, la troisième économie d'Asie pâtissant d'une forte inflation en raison de la guerre en Ukraine.
Le gouverneur de la Reserve Bank of India (RBI), Shaktikanta Das, a déclaré "augmenter le taux directeur de 40 points de base à 4,40% avec effet immédiat." Il s'agit de la première hausse des taux d'emprunt depuis août 2018.
Cette hausse inopinée met un terme à deux années de taux d'intérêt bas record et intervient quelques heures avant que la Réserve fédérale américaine ne procède à sa plus importante hausse de taux en deux décennies pour répondre à l'accélération de l'inflation dans la première économie mondiale.
La troisième plus grande économie d'Asie a fortement rebondi après la pandémie avec un des taux de croissance les plus rapides au monde mais elle est à présent confrontée à la hausse des coûts due à l'envolée des cours des matières premières.
L'inflation des prix à la consommation a régulièrement dépassé l'objectif de 2 à 6% de la RBI sur les trois premiers mois de l'année, atteignant 6,95% en mars, son plus haut niveau en 17 mois.
Les économistes s'attendent à ce que l'inflation dépasse les 7% en avril.
L'Inde est le plus grand importateur mondial d'huiles comestibles telles que l'huile de palme et l'huile de soja, qui se négocient à des niveaux record.
Ce pays de 1,4 milliard d'habitants importe également plus de 80% de ses besoins en pétrole, sa dépendance à l'égard du brut étranger augmentant avec la baisse de la production nationale.
Le mois dernier, les six membres du comité de politique monétaire (MPC) de la RBI ont voté en faveur du maintien du taux directeur à un niveau historiquement bas de 4% pour la onzième réunion consécutive.
Mais en signalant pour la première fois une éventuelle hausse des taux, M. Das avait déclaré que le comité "se concentrait sur le retrait des mesures accommodantes afin de s'assurer que l'inflation restait dans la cible, tout en soutenant la croissance".
Le Comité a également abaissé ses prévisions de croissance à 7,2% pour l'exercice fiscal 2022-23 contre 7,8% prévus précédemment.
Il a relevé ses prévisions d'inflation à 5,7% pour l'exercice fiscale qui a débuté le 1er avril, contre 4,5% en février.
AFP