Affaires Kouchner, Berry et Pulvar... La parole des victimes d'inceste déferle actuellement en France. On estime qu'un Français sur dix subit des agressions sexuelles pendant son enfance. Pas de statistiques officielles en Belgique mais une certitude: le fléau s'est aggravé durant le confinement. Comment aider les victimes à parler? Sont-elles suffisamment entourées? On débat de ce sujet délicat sur le plateau de CQFD, avec trois invités: Sarah Schlitz, Secrétaire d’Etat à l’Egalité des chances et des genres, Tom Devroye, coordinateur chez Arc-en-Ciel Wallonie, et Valérie Lootvoet, directrice de l’Université des Femmes.
On est parfois l'antichambre de la France
Pourquoi les témoignages d'inceste ne semblent pas aussi retentissants en Belgique qu'en France? "On est parfois l'antichambre de la France", répond Valérie Lootvoet, "or cette problématique sociale n'est pas différente chez nous. Les associations qui s'occupent de cela sont minoritaires. C'est comme si c'était laissé à l'ordre des familles. C'est pourtant une pratique fort répandue et à laquelle la justice répond mal".
Sarah Schlitz affirme que le monde politique prend la question des violences sexuelles très au sérieux depuis plusieurs années: "les centres de prises en charge des violences sexuelles en Belgique, c'est un modèle reconnu et envié par beaucoup d'autres pays". Par ailleurs, le CDH veut aujourd'hui déposer une proposition de loi pour pénaliser l'inceste. La secrétaire d’Etat à l’Egalité des chances et des genres précise en outre que la réforme du code pénal et du chapitre concernant les violences sexuelles devrait intervenir avant l'été.
96% des auteurs d'inceste sont des hommes
Selon l'OMS, 96% des agressions incestueuses sont perpétrées par des hommes. "C’est une question très patriarcale", commente Valérie Lootvoet, "c'est le pouvoir des pères sur les femmes mais aussi les enfants de la famille. Les membres de la famille ne sont pas considérés comme des sujets mais des objets, à disposition sexuelle. On l'entend dans les récits des victimes [...] Comme si les pères avaient tous les droits".
"#MeTooGay est arrivé plus tard pour plusieurs raisons", avance Tom Devroye, "au moment où #MeToo a émergé, c'était la libération de la parole des femmes par rapport majoritairement à des hommes, ça aurait été mal venu pour beaucoup d'hommes gays de prendre la parole à ce moment-là, ça aurait peut-être été perçu comme indécent".