Anne Morelli, historienne éminente de l'immigration italienne, était l'Actrice en Direct sur La Prem1ère ce vendredi matin. Elle a récemment publié un ouvrage intitulé "Recherches nouvelles sur l'immigration italienne en Belgique" et commente les 70 ans de l'accord "bras contre charbon", celui qui a mené l'Italie à envoyer des dizaines de milliers d'Italiens en Belgique en échange de charbon.
Car, contrairement à ce qu'on peut lire ou entendre, "ce n'est pas le 70ème anniversaire de l'immigration, mais bien de ces accords de 1946. Il y a beaucoup d'Italiens qui sont venus avant, et qui sont venus après 1956 et la catastrophe du Bois du Cazier à Marcinelle. Dans les recherches, tout le monde se braque toujours sur les mineurs, les baraques, Marcinelle. Donc il est intéressant de relever tout ce qui s'est passé avant et après, et les distorsions qui ont pu avoir lieu à propos de cet accord".
Cette immigration, c'est un arrachement, un déchirement
Ces célébrations des 70 ans d'un accord d'immigration, Anne Morelli les relativise. "Il y a beaucoup de rhétorique autour de la mémoire, mais c'est évident que c'est une histoire qui n'a rien de glorieux, d'amusant. On dit 'On va fêter', mais il n'y a rien à fêter. Cette immigration, c'est un arrachement, un déchirement, c'est une obligation, une déportation. C'est un mot choquant, car on pense tout de suite à la déportation juive et aux camps d'extermination, mais au sens premier, déportation, ça veut dire vivre loin de chez soi. Pour tous ces gens qui, en 1946, prennent la route, à cause de la misère, et aussi d'une certaine forme d'oppression politique qui régnait en Belgique."