En théorie, ce mercredi le Parlement wallon doit voter la réforme des aides à l’emploi (APE), une réforme loin de faire l’unanimité. Lundi, à l’appel de syndicats, ils étaient encore plus de 10.000 à manifester dans les rues de Namur contre cette réforme. Mais finalement, c’est quoi ces APE ?
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Les APE, pour aides à la promotion de l’emploi, sont des subsides attribués par le ministre de l’Emploi de la Région wallonne aux acteurs du secteur associatif wallon (social, culturel, santé, services à la personne, petite enfance, mouvements de jeunesse etc.) Objectif ? Favoriser le retour à l’emploi des chômeurs.
Comment et combien sont-ils à bénéficier de ce mécanisme ?
Les subsides sont distribués sous forme de points (un point vaut 3093 euros) et de prises en charge des cotisations sociales. Les points sont attribués selon la durée d’inscription comme demandeur d’emploi et du niveau d’études du travailleur engagé. Actuellement, plus de 4000 ASBL en Wallonie bénéficient d’APE et cela concerne 65.000 personnes. La Wallonie consacre plus d’1 milliard par an aux APE (sur un budget wallon de 14 milliards).
Pourquoi réformer le mécanisme ?
Certains critiquent un mode d’attribution des subsides opaque et clientéliste. Le principe même des APE est perçu comme trop onéreux alors qu’il ne remplirait pas ses objectifs. Plus radicaux, d’autres plaident même pour sa suppression car le mécanisme entretiendrait de manière artificielle des emplois qui ne génèrent pas de valeur ajoutée économique.
En quoi consiste la réforme portée par le ministre de l’Emploi, Pierre-Yves Jeholet (MR) ?
Dans sa proposition de réforme, chaque ministre (social, environnement, pouvoirs locaux, etc.) bénéficiera d’une enveloppe fermée qu’il attribuera à des projets selon ses priorités politiques. Le ministre de l’Emploi ne sera donc plus tout seul aux commandes. Par ailleurs, un cadastre des subventions serait publié et en accès public pour favoriser la transparence.
Que reproche-t-on à cette réforme ?
De manière générale, certains s’inquiètent d’une asphyxie financière du secteur associatif en raison d’un sous-financement du dispositif. Le mécanisme représenterait toujours un peu plus d’1 milliards d’euros/ans (hors indexation) mais l’enveloppe resterait fermée. Les syndicats craignent d’importante perte d’emplois, jusqu’à 4750. Des syndicats qui dénoncent aussi la « philosophie » de la réforme, à savoir une marchandisation des services aux personnes.