L'Europe devrait lancer prochainement la deuxième phase, plus offensive, de son opération navale en mer Méditerranée pour s'en prendre directement aux réseaux criminels de passeurs de migrants responsables de la mort de centaines de personnes, a indiqué jeudi la haute représentante pour la politique étrangère de l'UE, Federica Mogherini.
"Je vais proposer aux ministres de la Défense de passer de la phase un (qui consiste depuis deux mois à rassembler des informations depuis les eaux internationales sur ces réseaux qui opèrent au départ des côtes libyennes) à la phase deux, qui est la lutte contre les trafiquants et les contrebandiers en haute mer", a-t-elle déclaré à son arrivée à une réunion à Luxembourg.
Cette opération, baptisée EU Navfor Med, sera "le principal point" des discussions politiques entre ministres, a ajouté Mme Mogherini, sans s'attendre à une décision "aujourd'hui" (jeudi) et alors que ceux des Affaires étrangères se retrouvent eux aussi à Luxembourg vendredi et samedi.
La chef de la diplomatie évoquait le lancement de ce que les militaires et diplomates européens appellent la phase 2A d'EU Navfor Med, limitée aux eaux internationales. Une éventuelle phase 2B, dans les eaux territoriales libyennes, dépend soit de l'accord des autorités libyennes -mais le pays est plongé dans le chaos avec deux parlements et deux gouvernements rivaux- ou d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, au sein duquel la Russie traîne les pieds.
Le commandant d'EU Navfor Med, l'amiral Enrico Credendino, avait proposé la semaine dernière aux 28 Etats membres de l'UE de passer à cette phase plus offensive.
Concrètement, dans le cadre de cette deuxième phase, les navires de guerre européens -dont vraisemblablement la frégate belge Léopold 1- pourront arraisonner, fouiller, saisir et dérouter des navires suspectés de servir aux passeurs, mais à condition de ne pas entrer dans les eaux territoriales libyennes.
La phase trois devrait permettre "l'élimination" des "navires et des actifs connexes, de préférence avant utilisation, au plus près des côtes libyennes, et d'appréhender les trafiquants et les contrebandiers" en "pleine conformité avec le droit international, dont le droit humanitaire et des réfugiés ainsi que les droits humains", selon une déclaration publiée en juin par les ministres des Affaires étrangères des 28.
Au stade actuel, quatre navires -un vaisseau amiral italien, le "Cavour", un britannique et deux allemands- participent à l'opération EU Navfor Med.
Lors de leurs patrouilles en Méditerranée, les navires de l'opération ont participé cet été à neuf opérations de secours de barques de migrants en difficulté, contribuant à sauver du naufrage 1400 personnes.