Dans les airs, dans nos murs, sous nos pieds, au fond de l’océan : les données numériques circulent presque partout sur le globe. La donnée, ou data pour les plus franglais d’entre nous, est la particule élémentaire d’un tout nouvel écosystème mondial, que certains nomment datasphère. Une nouvelle couche, à rajouter à celles déjà existantes, telles que la biosphère, la sociosphère, la technosphère,… Avec cette particularité : les datas permettent d’interconnecter les objets et les organismes vivants entre eux, de manière totalement inédite.
En quelques années, les données sont devenues une ressource indispensable à l’humain moderne, presque aussi importante que l’électricité, ou l’eau. Communiquer, s’informer, jouer, commander à distance, payer : un nombre impressionnant de nos activités quotidiennes impliquent de consommer des données.
Consommer, ce mot n’est pas anodin. On peut consommer des aliments, de l’électricité, du carburant, des médicaments,… Le mot "consommer" implique donc — notamment — de soit absorber, soit utiliser une ressource. Et dans le cas des data, ces deux facettes cohabitent : on absorbe autant que l’on utilise les données. Ces dernières années, avec le développement du cloud et du streaming, l’humain est devenu boulimique de données.
La datasphère est souvent représentée par un immense réseau constitué de flux de données. Un réseau qui ne cesse de se complexifier, se densifier, avec des flux plus massifs, et surtout, plus rapides. Au début du millénaire, la plupart d’entre nous devaient télécharger une vidéo, un document, une musique sur leur ordinateur, afin de pouvoir l’utiliser. Désormais, les données qui constituent ce document, cette vidéo, cette musique, existent dans ce que l’on appelle le cloud, et sont interprétées directement dans notre ordinateur (ou smartphone), sans devoir y être stockées sur du long terme.
Mais l’utilisation du terme "cloud" pour expliquer cette évolution dans l’utilisation de la datasphère porte à confusion. Les données ne sont pas comme l’air que l’on respire, disponible tout autour de nous à volonté. Les données ont besoin d’une infrastructure physique pour être stockées, se déplacer et être interprétées. Des infrastructures qui impliquent de consommer des ressources de notre géosphère, comme l’eau, le pétrole, l’électricité, les minerais.
Irrémédiablement, la datasphère s’entremêle aux géosphère et biosphère : c’est ce que l’on appelle généralement l’impact environnemental du numérique connecté. Une thématique très large, et une discipline scientifique très jeune. Au travers d’une série d’articles et de datavisualisations, nous vous proposons avec ce dossier de mener la réflexion sur un aspect de cet impact environnemental : la consommation d’énergie, et dans une certaine mesure, l’empreinte carbone, liée à la consommation des données.
A quel point notre consommation de données a-t-elle une influence sur notre environnement, notre climat ? L’industrie du numérique fait-elle, ou pourra-t-elle faire face aux défis écologiques sous-jacents au développement de cette datasphère ? Doit-on aller vers une plus grande régulation de cette industrie ? Quelle est notre responsabilité en tant que consommateur ? Doit-on aller vers une sorte de sobriété numérique, ou les progrès technologiques arriveront-ils à compenser l’impact de notre appétit insatiable de données ? Et de se poser plus généralement la question de la sobriété numérique.
Prix de l’énergie : pour atteindre la sobriété énergétique, "il est important que l’on puisse valoriser les bons comportements"
Prix de l'énergie
C’est un rappel lancé par la présidente de la Commission européenne hier lors de son discours sur l’État de...