La justice de l’Equateur a ordonné mercredi l’arrestation de l’ancien président équatorien Rafael Correa, qui vit en Belgique, après avoir confirmé sa condamnation à huit ans de prison pour corruption, a annoncé le tribunal qui a prononcé la sentence.
La décision judiciaire comporte aussi l’interdiction à vie pour M. Correa d’occuper des fonctions électives, alors que l’ex-chef de l’Etat souhaite participer aux élections prévues en février prochain.
M. Correa (57 ans), qui a dirigé l’Equateur entre 2007 et 2017, a demandé par internet au Conseil national électoral (CNE) d’inscrire sa candidature au poste de vice-président. Le CNE doit examiner cette demande ultérieurement.
Le tribunal qui a jugé M. Correa in abstentia a établi que l’ex-président et plusieurs de ses anciens collaborateurs, qui ont eux aussi été condamnés, avaient reçu de diverses entreprises des dessous-de-table en échange de contrats.
Un processus de vengeance ?
La justice a ordonné à la police équatorienne de localiser et d’arrêter l’ancien responsable socialiste. Elle a aussi donné instruction au ministère des Finances de suspendre le versement des 4200 dollars que recevait mensuellement M. Correa en tant qu’ancien président et auxquels il n’a plus droit en raison de sa condamnation pour corruption.
Le tribunal a aussi informé le CNE de la privation de M. Correa de ses droits politiques. "Nous sommes confrontés à un processus de vengeance à travers l’institution judiciaire", a réagi l’avocat de l’ex-chef d’Etat, Fausto Jarrin, auprès de l’AFP.
Le président Lenin Moreno, qui était le vice-président de M. Correa entre 2007 et 2013, a promu des réformes pour interdire plus d’une réélection, ce qui a commencé à barrer la route à un éventuel retour de son prédécesseur.
"La simple mention de la possibilité qu’il [Rafael Correa] soit candidat génère ce type de réaction dans toutes les institutions de l’Etat", a estimé Me Jarrin.
M. Correa, qui dit faire face à trente procès en Equateur, est visé par un autre mandat d’arrêt pour l’enlèvement en Colombie d’un opposant équatorien en 2012, un crime pour lequel il ne peut être jugé par contumace.