Energie

« L’énergie a trop d’impact sur les ménages que pour être livrée à une libéralisation naïve. Il faut réguler », estime Alain Maron

"Il n’y a plus assez de contrats de long terme", assure le ministre bruxellois de l’Environnement et de la Transition climatique.

© RTBF

Ce mardi, les prix du gaz européen grimpaient encore sur les marchés internationaux. Le prix du gaz à la bourse gazière d’Amsterdam, référence pour les prix en Europe, a augmenté de 7% à 123 euros le mégawattheure. La semaine dernière, il avait atteint le montant record de 345 euros en raison des craintes liées à la guerre en Ukraine. Et d’après Damien Ernst, professeur à l’ULiège et spécialiste de l’Energie, la situation n’est pas près de s’améliorer. Du moins pas drastiquement. 

Les nouvelles sont mauvaises

"Il n’y a aucune bonne nouvelle à annoncer à la population", assure-t-il sur le plateau de "QR le débat". "On sait que nous serons soumis à un prix des combustibles fossiles qui va encore rester assez élevé pendant 3 à 4 ans avant d’à nouveau atteindre les prix que nous avons connus avant la crise du coronavirus. Les nouvelles sont mauvaises et le seront encore plus si on perd l’apport de la Russie."

Damien Ernst : le prix des combustibles fossiles restera encore élevé pendant 3 à 4 ans

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Et si les prix sont aussi élevés, c’est également à cause de la libéralisation, estiment Test Achats, la Fédération des services sociaux et les politiques. C’est-à-dire au fait d’avoir réduit l’intervention de l’Etat pour rendre les marchés financiers davantage maîtres de leurs actions. "On n’a libéralisé que la partie de la fourniture", précise Julie Frère, la porte-parole de Test Achats.

"Mais en effet, on constate qu’en quelques mois, les prix peuvent être bouleversés de façon inédite. Une partie de la population a basculé dans la précarité presque du jour au lendemain alors que nous avions pour objectif d’avoir des tarifs plus attrayants grâce à cette libéralisation."

Julie Frère : "il faut abandonner la libéralisation pour revenir à des tarifs régulés"

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Le vrai ministre de l’Énergie, c’est Engie

Il faudrait donc pour les invités de "QR le débat" penser à remettre en place des tarifs régulés. "Aujourd’hui, on a l’impression que le vrai ministre de l’Énergie, c’est Engie", déclare Georges Dallemagne, député fédéral (Les Engagés) à Sacha Daout. "Ce sont eux qui déterminent la nature du carburant que l’on va utiliser, si l’on va fermer les réacteurs nucléaires ou non… Il faut reprendre la main en déposant des textes de loi pour clarifier les prix de l’énergie et faire en sorte que l’on puisse s’y retrouver et avoir des prix régulés, abordables."

Georges Dallemagne : "Aujourd'hui, on a l'impression que le ministre de l'Energie, c'est Engie"

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Un sentiment que partage aussi le vice-Premier ministre et ministre de l’Economie, Pierre-Yves Dermagne (PS), pour qui il est également important de récupérer les surprofits de l’ancien gouvernement. "Nous avons d’ailleurs chargé le régulateur d’énergie de mener une étude pour voir quels sont ces surprofits.

Continuer à mettre la pression

Malheureusement, il faut reconnaître que le précédent gouvernement avait négocié avec le producteur historique du nucléaire un contrat qui lui était relativement favorable et qui, dans l’état actuel des textes, ne permet pas d’aller rechercher ces surprofits comme on le voudrait. Il faut vraiment continuer à mettre la pression pour aller rechercher cet argent. C’est une question d’équité et d’ordre public."

Pierre-Yves Dermagne : "Il faut aller rechercher les surprofits de l'ancien gouvernement"

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"L’augmentation actuelle des prix actuels de l’énergie n’est pas la responsabilité d’Engie, mais avant tout celle d’un Etat", leur répond Alain Maron (Ecolo), ministre bruxellois de l’Environnement et de la Transition climatique. "Certes, il y a des surprofits qu’il faut essayer de capter, mais c’est autre chose. Le prix, c’est le marché qui s’enflamme à cause de situations géopolitiques et des déséquilibres à l’avenir en termes d’offre et de demande.

Il faut réguler

"Mais sinon, la situation d’aujourd’hui en termes d’offre et de demande n’a pas forcément changé au contraire des prix. Donc oui, il faut réguler. Il n’y a plus assez de contrats de long terme. Avant la Belgique achetait du gaz à l’Algérie, faisait un contrat à prix fixe sur plusieurs années avec des garanties. Mais c’est terminé parce que nous avons décidé de libéraliser au niveau européen. L’énergie a trop d’impact sur les ménages que pour être livrée à une libéralisation naïve."

Alain Maron : « L’énergie a trop d’impact sur les ménages que pour être livrée à une libéralisation naïve. Il faut réguler »

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Se tourner vers le photovoltaïque

Se pose alors la question des panneaux photovoltaïques. Pour Damien Ernst, la période actuelle est tout à fait propice à cet investissement. "L’installation sera payée en 4 ou 5 ans", garantit-il sur le plateau. "C’est hyper avantageux. Mais il y a quand même quelque chose à souligner : si vous installez chez vous des panneaux photovoltaïques, votre facture d’électricité diminuera considérablement."

Nous vivrons encore un épisode de bulle

"Elle sera même presque réduite à 0. Mais cette réduction sera en partie payée par des gens qui n’ont pas de panneaux. Donc je dis aux dirigeants de faire très attention. Il faut faire des efforts au niveau de la réglementation dès maintenant pour que les gens qui installent des panneaux photovoltaïques ne provoquent pas une augmentation de la facture d’électricité des autres citoyens sinon ça deviendra intenable et nous vivrons encore un épisode de bulle comme il y a 6 ou 7 ans."

Damien Ernst : "avec les prix du marché une installation photovoltaïque est rentabilisée en 4 ou 5 ans"

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