La deuxième heure a commencé avec le triste constat que cette même question avait déjà été débattue l'année dernière. En effet, le monde brûle toujours et la vie humaine se consume, rien ne s'est arrangé depuis...
Deux tendances se sont vite dessinées.
David Van Reybrouck, l'auteur de Congo, une histoire et de Révolusi sur l'Indonésie auxquels il a consacré onze ans de sa vie, a décidé en 2021 d'arrêter d'écrire pour se consacrer à l'urgence climatique :
J'ai beau écrire sur le colonialisme historique, mais il y a un colonialisme du présent et du futur et nous sommes en plein dedans.
"Un tiers du Pakistan est inondé suite au réchauffement climatique alors que le Pakistan n'a contribué que très peu dans l'émission des gaz à effet de serre. Et moi j'aurais du mal à juste écrire des livres sur les injustices du passé en me taisant sur les injustices du présent. Et, ça fait longtemps qu'en tant qu'écrivain, je m'engage pour une meilleure démocratie. Et je pense qu'il n'y aura pas de transition climatique sans transition démocratique" a-t-il précisé.
Hélène Devynck a quant à elle, choisi d'écrire Impunité (Seuil) pour agir. Alors que sa plainte pour viol contre Patrick Poivre d'Arvor ainsi que celles de 22 autres femmes a été classée sans suite, elle a choisi l'écriture pour faire entendre sa voix et celles des autres victimes, dire ce qui avait été tu pendant des dizaines d'années et pour analyser comment le comportement du journaliste a pu perdurer pendant 35 ans sans qu'il soit jamais inquiété. Selon elle, cette impunité est liée à la justice, à notre façon de voir le monde et celle d'envisager le pouvoir : "Je cite dans ce livre Jacqueline Rose qui est une Américaine qui dit que le harcèlement est la performance masculine par excellence puisque un homme dit qu'il est le plus puissant, qu'il a le droit et il l'a effectivement, et en même temps, il dit aussi que son pouvoir et sa sexualité, c'est la même chose. Alors tous les hommes ne vont pas jusqu'au viol, mais cette conception du pouvoir, elle imprègne très très profondément nos sociétés et c'est ça qui permet, quand certains hommes arrivent à un certain niveau de célébrité ou de pouvoir, des dérives criminelles que rien n'arrête".