Caroline Boillet et Pauline Chevallier ont rencontré des femmes, des jeunes filles qui participent à des stages d'autodéfense. Elles ne veulent plus subir d'agressions. Ensemble, elles vont apprendre à poser des limites, à dire non, à réagir par les mots et par les gestes. Témoignages.
La plupart des transgressions-limites que l'on vit sont celles du quotidien et viennent de personnes qui n'ont pas la volonté de mal faire : mari, parents, voisins, concitoyens... Cela fait partie des interactions humaines. Comment réagir ?
"Je peux donner à l'autre l'information qu'il s'est comporté d'une manière qui ne m'a pas été confortable. C'est un cadeau pour améliorer la relation".
Au cours du stage, un premier exercice va consister à simuler une transgression de limite, en étant attentive à ce qui se passe dans le corps, au niveau des sensations. L'expérience sera différente pour chacune : noeuds au niveau du plexus, palpitations, vertiges, blocages de la respiration, hérissement de la peau... Le but est d'apprendre à se sentir légitime dans ses sensations, que l'on est seule à pouvoir ressentir et que personne ne peut nous contester.
La défense verbale
La défense verbale est une autodéfense à part entière, elle donne une réponse à une transgression de limite. Un mot bien placé, quand il le faut, peut arrêter l'agression. Oser dire par exemple: "Monsieur, votre main est sur ma main, je n'aime pas ça, ça me dérange. Ne me touchez plus." 80% des agressions sont stoppées par la défense verbale.
Les femmes ont souvent tendance à être trop gentilles, à ne pas mettre leurs limites. "Ce qui est difficile, c'est de se dire : maintenant ce n'est plus normal, il y a une limite qui est dépassée. On a tendance à minimiser..."
"On n'a pas envie de faire de vagues. On a l'impression qu'en dénonçant la situation, c'est nous qui la créons. En disant : il y a transgression, alors la transgression devient réelle. Alors qu'en fait elle était déjà là. En le disant, on apporte un certain malaise qu'après on doit assumer aussi."
"Mais si tu n'as pas osé, tu as la frustration après et le malaise reste."
N'hésitons pas à apprendre aux plus jeunes à oser dire tout haut : stop, arrêtez de me toucher !, en nommant le geste posé, pour que tout le monde l'entende et que l'agresseur soit mal à l'aise. A leur conseiller aussi d'aller vers une personne ressource (conducteur du bus, passant...) pour dénoncer le geste et obtenir une protection.
Cela vaut la peine de poser ses limites, c'est un apprentissage à faire, une vigilance à avoir.