La menace de la mise en place d’une majorité alternative, c’est un peu le "retenez-moi ou je fais un malheur" du système politique. Mais souvent proféré et très rarement utilisé. Argument rhétorique bien plus que pratique.
On vient de le voir en Flandre, cela menace au fédéral et on ne vous parle pas ici de la France.
Bombe institutionnelle, à manipuler avec précaution
En 2017, le président de l’alors cdH, Benoît Lutgen, a voulu, sur fond d’affaire Nethys, remplacer la majorité wallonne et francophone avec les socialistes par une autre avec les libéraux. Cela n’a fonctionné qu’à Namur (au prix également de contorsion de règlement). Suite à cela, le cdH encaissera une nouvelle défaite électorale et le président ira prendre une préretraite au Parlement européen.
En 1990, la coalition sociale-chrétienne/socialiste menée par Wilfried Martens a convenu de trouver une majorité alternative sur l’IVG. La crise est alors venue d’ailleurs : le roi Baudouin s’est mis en impossibilité de régner !
Récemment, le CD&V s’est à nouveau retrouvé sous la menace de majorité alternative : sur la mise en œuvre du plan azote en Flandre et sur la dépénalisation totale de l’IVG à la Chambre. Un compromis a été trouvé en Flandre, la loi de dépénalisation reviendra bientôt et risque à nouveau de plomber l’ambiance fédérale. Trente-trois ans plus tard.
Bras-de-fer
Sur la prolongation de l’ensemble du parc nucléaire, le MR s’était fait fort de constituer une majorité alternative, notamment avec la N-VA. Devant le risque de chute d’un gouvernement dirigé par un libéral, le parti de Georges-Louis Bouchez a modéré ses velléités nucléaires. Mais s’avance alors un autre dossier : l’habilitation pour la création d’un master en médecine à l’UMons. Blocage et menace de majorité alternative, brandie cette fois par le président du PS, Paul Magnette.
Et à chaque fois, le président de parti de menacer là où les ministres tentent de trouver une solution et préserver la cohésion du gouvernement. Dans notre particratie, les objectifs des uns ne sont pas ceux des autres.
Aussi bien au CD&V qu’au MR ou au PS, chacun y voit d’abord son présumé intérêt électoral que chacun présente bien entendu, comme l’intérêt général.
Néanmoins, la manœuvre reste délicate.