Depuis cinquante ans, Charles est apiculteur dans la région de Charleroi. Jamais il n’avait vécu pareille situation, l’année passée l’hiver fut très dur et le printemps très froid. La météo a donc eu raison de ses abeilles. " Je n’ai plus rien. Je n’ai jamais vu ça ! Par le passé, on en perdait parfois 20 ou 30 % mais là c’est une désolation ! "nous confie-t-il. Et le cas de Charles n’est pas forcément isolé. La tendance se confirme. L’année passée, la mortalité des abeilles a augmenté de 6 %. La machine ne semble pas s’enrayer. La mortalité a doublé depuis 2004. Une abeille sur trois est morte l’année passée. Bach-Kim Nguyen, spécialiste de l’abeille à la faculté de " Gembloux, Agro bio tech " tire la sonnette d’alarme : " Si le taux actuel de mortalité stagne, dans moins de 25 ans, il n’y aura plus d’abeilles en Belgique ".
Des causes et des conséquences multiples
Les raisons de ce phénomène inquiétant sont multiples. Le manque de biodiversité en est une. Des fleurs sauvages ont en effet disparu des talus. Les abeilles ont donc tout simplement faim. Autre raison, les maladies dont sont victimes les abeilles ainsi que les pesticides employés dans l’agriculture.
Conséquence de ses disparitions, le miel est de plus en plus de plus en plus rare dans nos magasins. La production du miel est en baisse en Europe et la Belgique n’échappe pas au phénomène. Chaque année, notre pays en produisait en moyenne 1600 tonnes. En 2013, seul 800 tonnes ont été produites et les perspectives pour 2014 ne sont pas meilleures. L’Europe doit donc en importer, notamment de Chine où la qualité semble bien difficile à contrôle à en croire certains experts. Mais cette raréfaction des abeilles n’a pas d’impacts que sur le marché du miel, le marché belge des fruits et légumes est également touché. Bach-Kim Nguyen le confirme : "Les abeilles sont des pollinisateurs. Ils fécondent les fruits et les légumes. Actuellement en Belgique, on en importe 20 % mais on pourrait passer rapidement à 40 % ".
Reste donc une urgence : enrayer ce phénomène avec un espoir que des apiculteurs comme Charles retrouvent leurs abeilles et leurs sourires.