Et si on autorisait l'abattage à la ferme au nom du bien-être animal?

Des vaches heureuses !

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Par Thierry Vangulick

L'abattage des animaux à la ferme bientôt autorisé en Wallonie ? C'est en tous cas l'ardent souhait de l’ONG Nature & Progrès qui milite activement depuis des années, pour cette méthode. Méthode qui est, selon elle, plus respectueuse du bien-être animal. Et le scandale Veviba renforce encore ses partisans.  

L’abattage classique : une épreuve pénible

L’abattage à la ferme peut se pratiquer selon trois techniques. À commencer par le tir des animaux en prairie. C’est la méthode que préfèrent les propriétaires du Domaine de Graux, une ferme agro-écologique. L’abattage classique, pour Marc Antoine de Mees, c'est une véritable épreuve. Avec sa compagne, ils élèvent 35 vaches de race Angus. Les bêtes sont dehors toute l’année et nourries exclusivement à l’herbe de prairie. Les deux éleveurs apportent un soin tout particulier à élever cette race qui donne une viande très appréciée des connaisseurs. Alors les emmener dans une bétaillère et dans un abattoir tels qu’ils existent actuellement, c’est une véritable épreuve.

Aussi Marc Antoine de Mees est-il partisan de l’abattage à la ferme : "Un coup de carabine en plein tête et l’animal meurt sans stress. Sa viande reste souple. Bien sûr il faut aussi s’arranger pour que la carcasse soit transportée à l’abattoir dans des conditions d’hygiène irréprochable et qu’elle soit contrôlée par l’AFSCA ! Mais c’est une méthode bien moins inhumaine que l’abattage à la chaîne".

Le combat de Nature & Progrès

C’est aussi la conviction de Marc Fichers, secrétaire général de Nature & Progrès, qui milite depuis des années pour que cesse l’abattage à la chaîne : "Le scandale Veviba a montré qu’une seule entreprise abattait près de 80% des animaux de boucherie en Belgique. C’est de la folie !", estime-t-il

"Nous demandons que l’abattage soit réparti entre des unités locales, collectives et coopératives, qui permettraient à l’éleveur de garder le contrôle du sort de son animal de la naissance jusqu'à sa mort. Qu’on l’abatte à la carabine en prairie ou dans un camion équipé ou dans de petites unités bien équipées, ce ne peut être que positif pour le bien-être animal. Et pour l’économie locale, ce serait une source de richesse et d’emploi", assure Marc Fichers.

Nature & Progrès a mené une étude sur les initiatives existant dans les pays voisins : "Le tir en prairie est actuellement autorisé sous certaines conditions en Allemagne, en Suisse et en Autriche. Des camions d’abattage existent en Suède, en Allemagne et prochainement en France. Si le camion nécessite de lourds investissements, l’inauguration en Wallonie, en 2016, d’une structure mobile de formation à la découpe de viande, répondant aux mêmes types d’exigences sanitaires, se veut encourageante. Quant au tir en prairie, il est facile à mettre en œuvre, demandant très peu d’investissements mais un protocole bien défini et une collaboration étroite avec une structure locale d’abattage".

Au niveau législatif, en Wallonie, le ministre de l’Agriculture René Collin (cdH) étudie la question mais semble privilégier le soutien à la création de structures d’abattage et de découpe collectives. Mais rien n’est encore décidé. En attendant, l'abattage à la chaîne a encore de beaux jours devant lui.

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