Le 12 août 2000, une explosion survient à bord du sous-marin nucléaire russe "Kursk". Prisonniers de l’engin bloqué au fond de la mer de Barents, vingt-trois marins vont lutter pour leur survie…
À l’époque, la tragédie du Kursk a ému la communauté internationale. Car très vite, la tragédie humaine est devenue un scandale politique. L’armée russe éprouvant des difficultés manifestes avec son matériel de sauvetage, d’autres instances, comme la Royal Navy, ont voulu prêter main-forte pour sauver des vies tant qu’il en était encore tant. Mais posséder les moyens adéquats au sauvetage n’était qu’une étape, encore fallait-il vaincre les réticences orgueilleuses de l’Etat-major russe…
Matthias Schoenaerts a eu l’idée de proposer le scénario du film au cinéaste danois Thomas Vinterberg (les deux hommes sont devenus très complices lors du tournage du classique anglais "Far from the madding crown" d’après Thomas Hardy). Le réalisateur de "Festen" et de "La chasse" essaie de reconstituer les différents drames qui se jouent en même temps : dans le sous-marin bien sûr, mais aussi sur la terre ferme, où les familles des marins somment les autorités d’agir au plus vite. Le volet le plus réussi de son film, c’est sans doute lorsque la bataille diplomatique s’engage entre l’officier de la Navy (Colin Firth, impeccable) et le haut gradé russe (Max von Sydow, bientôt nonagénaire, et clairement trop vieux pour le rôle). Par contre, le volet le plus faible – parce que le plus convenu – est le volet familial : voir Léa Seydoux jouer la courageuse femme de marin russe, angoissée et avide de réponses, frise le ridicule…
Le problème majeur, c’est que Vinterberg peine à donner une cohérence et une fluidité dramatique à ce grand patchwork. Car "Kursk" ressemble à un "Europudding", c’est-à-dire un gros film européen qui, pour décrocher un budget d’envergure, réunit des producteurs de pays différents qui ont chacun " leur " vision du film, et leurs envies de casting. Un "Europudding", c’est un film où des acteurs venus des quatre coins d’Europe se retrouvent tous à jouer en " basic english " des dialogues qui seront ensuite doublés dans des langues diverses. Résultat : voir le Belge Schoenaerts, le Suédois von Sydow, la Française Seydoux, l’Autrichien Peter Simonischek (révélé dans "Toni Erdmann") essayer tant bien que mal d’incarner en anglais des protagonistes russes, ça ne fonctionne pas. Et Vinterberg a beau convoquer le folklore soviétique et les chants orthodoxes pour faire " couleur locale ", le résultat reste bancal. Il aurait sans doute fallu les moyens de production et la virtuosité d’un Paul Greengrass pour faire de la tragédie du "Kursk" un grand film. Ici, hélas, on en est loin.