Justice

Kosovo : jugé à La Haye, l’ex-président Hashim Thaçi voulait "éliminer" l’opposition

L’ancien président du Kosovo, Hashim Thaci, comparaît pour crimes de guerre devant le tribunal du Kosovo à La Haye, le 3 avril 2023.

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Par Belga, édité par M. Allo

Le procès de l’ancien président kosovar Hashim Thaçi, s’est ouvert ce lundi devant un tribunal spécial à La Haye. L’homme et trois coaccusés sont pointés du doigt pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité durant la guerre d’indépendance (1998-1999) contre les forces serbes. Toujours considérés au Kosovo comme des héros de la guérilla, Hashim Thaçi et ses coaccusés ont ouvertement imposé un règne brutal d’emprisonnements, de torture et de meurtres pour resserrer leur emprise sur le pouvoir pendant et après la guerre, selon l’accusation. "Ces quatre hommes étaient sans aucun doute les principaux dirigeants de l’UCK et ils ont été célébrés et honorés pour cela", a déclaré le procureur Alex Whiting. "Mais il y avait un côté plus sombre à leur leadership", a-t-il ajouté.

Il était le héros soutenu par l'OTAN

En 1998, Hashim Thaci est Premier ministre du Kosovo et déclare l’indépendance de la province. La guerre éclate. l’Armée de Libération du Kosovo, l’UCK, se bat contre l’armée serbe de Slobodan Milosevic. L’enjeu ? L’indépendance de la province du Kosovo et le statut des albanophones. L’OTAN interviendra en mars 1999 pour bombarder des positions serbes et empêcher un massacre des albanophones. À l’époque, Hashim Thaci est soutenu par l’OTAN. Il sortira d’ailleurs en héros de cette guerre toujours dans ses fonctions et largement soutenu à l’Ouest. Il est élu président de la République du Kosovo en février 2016.

Le centre de Prisina après les bombardements de l'OTAN en 1999
Le centre de Prisina après les bombardements de l'OTAN en 1999 © Tous droits réservés

Tortures et meurtres d’opposants

Viennent ensuite les ombres au tableau. Hashim Thaçi est accusé d’avoir fait assassiner 100 personnes jugées trop critiques, trop modérées ou des rivaux. Le Premier ministre de l’époque aurait notamment ordonné la mort d’un journaliste qui venait d’écrire un article dans lequel il était accusé de profiter personnellement du trafic d’armes destinées à la résistance albanophone. Disparitions, tortures, meurtres, les accusations sont nombreuses. Lui a déjà plaidé, non coupable.

Ses coaccusés, l’ancien porte-parole de l’UCK Jakup Krasniqi, un des plus proches alliés politiques de Hashim Thaçi, Kadri Veseli, ainsi qu’une des figures marquantes de l’UCK, Rexhep Selimi, ont tous également nié les accusations. Plusieurs milliers de personnes ont manifesté dimanche à Pristina pour soutenir les quatre hommes avant l’ouverture de leur procès devant le tribunal spécial, financé par l’Union européenne. A La Haye ce lundi, ils étaient encore des dizaines à brandir des drapeaux rouges et noirs en soutien à l’ancien président.

Manifestation à Pristina au Kosovo avant le procès
Manifestation à Pristina au Kosovo avant le procès © AFP or licensors

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