Critique :***
Austère, Bach ? ATDK mêle rigueur…et un grain d’humour pince sans rire !
La Partita 2 de Bach, une de ses 6 œuvres pour violon seul : pour le commun des mortels, c’est le genre "austère devoir", a fortiori pour un public jeune, plus féru de rock ou de rythmes plus "trempés" que "tempérés". La proposer 3 fois de suite(amputée de sa célèbre "chaconne" finale, qui fait ¼ heure à elle seule!) :une fois dans le noir, sans même voir l’interprète "live", , une deuxième fois, sans l’entendre, en la devinant sous le pas des deux solistes, ATDK et Boris Charmatz, une troisième fois en mêlant, enfin, musique et danse : ce genre de défi au public, c’est du ATDK tout craché ! Et ça marche ! Ce dimanche après midi, j’ai entendu moins de toussotements, dans le noir total de son exécution live, 20mn quand même, que dans un quelconque mouvement lent du concours Reine Elisabeth ! Les motifs de cette réussite sont nombreux : une remarquable interprétation d’Amandine Beyer au violon mais surtout la surprise de découvrir, dans la concentration du noir, une musique, certes austère mais "rythmée" puisque basée sur des danses populaires d’époque (allemande, gigue, sarabande, courante). Même réussite de la deuxième partie: on est obligé de découvrir la transposition-non littérale, comme une gigue "à l’ancienne "- de cette musique en un " double solo " de danse contemporaine et non un " pas de deux amoureux " romantique. Un fond mathématique, abstrait et des effets très concrets, presque drôles, comme les contrastes entre la minuscule Anne Teresa et Charmatz le "charpenté" : quant la fourmi ATDK porte l’énorme athlète sur son dos, on est presque dans un sketch de film muet américain. La troisième partie ajoute un partenaire au mélange musique/danse, la violoniste Amandine Beyer, visible, nouvelle " camarade de jeu " des danseurs. Ajoutez à cette réussite la belle scéno à dominante grise de Michel François, avec une seule ouverture lumineuse. Une seule interrogation : il faudra raccourcir l’angle de la Cour d’Honneur d’Avignon, fin juillet pour éviter l’épuisement des doubles solistes et la dispersion du regard des spectateurs.
Partita 2 par ATDK et B. Charmatz jusqu’au 8 mai