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K-POP / BTS : instrument du soft-power sud-coréen ?

BTS à l'ONU

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Par Sara Dethise Martinez via

Difficile d’être passé à côté, le fameux boys band BTS a accompagné le président sud-coréen Moon Jae-in lors de sa venue aux Nations Unies. Le groupe de K-pop y a tenu un discours sur le développement durable et a même tourné une seconde version du clip "Permission to Dance".

Le lundi 20 septembre, à la veille de la 76e session de l’Assemblée générale de l’ONU, le célèbre groupe de K-pop BTS a pris la parole aux Nations Unies, à New York. Désignés comme "envoyés présidentiels spéciaux pour les générations et la culture futures", les sept membres du boys band accompagnaient le président sud-coréen Moon Jae-in. Ils ont été invités à la tribune de l’ONU où ils ont, pendant près de sept minutes, plaidé un discours à la tribune de l’ONU pour le développement durable. Le groupe a également tenu à féliciter la résilience des jeunes durant la pandémie. Une version du clip de leur titre "Permission to Dance" tournée dans les locaux du siège de l’ONU a ensuite été diffusée et compte aujourd’hui plus de 23 millions de vues devenant ainsi la vidéo le plus regardée de la chaîne des Nations Unies. Si tu veux en savoir plus, on en parle dans l’épisode Shinyūsū de la semaine dernière !

En 2018, le groupe de K-Pop avait déjà pris la parole à l’Assemblée générale des Nations Unies pour promouvoir la campagne "Generation Unlimited " de l’UNICEF visant à améliorer les perspectives d’apprentissage et d’emploi des jeunes.

Alors que ce type d’interventions pourrait sembler totalement anodin, il s’agit pourtant là d’outils de communication au service du gouvernement sud-coréen. On analyse ça ensemble.

Vous avez dit "soft power"?

C’est en 1990 que le concept de "soft power" est élaboré par Joseph Nye, professeur américain de Relations Internationales. Concrètement, la puissance douce (littéralement) est une manière pour les politiques d’arriver à leurs fins. Alors que le "hard power" fait appel à des moyens coercitifs, comme des menaces ou encore l’usage de la force (en gros c’est la manière forte) pour influencer et orienter les relations internationales en sa faveur, le "soft power", quant à lui, utilise des outils plus subtils et pacifiques. Notons tout de même qu’un État sera d’autant plus puissant s’il parvient à combiner "soft" et "hard power" efficacement.

Le "soft power" d’un pays découle généralement de son image, de sa réputation, de l’attractivité de sa culture, de son mode de vie, de ses valeurs et idéologies ou encore de ses politiques internationales (diplomatie, aide économique, alliance…).

Corée du Nord vs. Corée du Sud

Essayons maintenant de comprendre le rôle du "soft power" dans la relation entre la Corée du Nord et la Corée du Sud.

Si la Corée du Nord est toujours derrière les États-Unis et la Corée du Sud en termes de puissance militaire et économique, son armement nucléaire constitue une menace plutôt importante (on va pas se le cacher) pour les autres pays. Ainsi, le pouvoir d’influence de la Corée du Nord repose avant tout sur une stratégie de "hard power".

La Corée du Sud, quant à elle, tend à utiliser davantage de méthodes de "soft power" dans ses relations internationales. Surtout quand il s’agit de négocier pour mettre fin à la crise nucléaire nord-coréenne (on mise tout sur la diplomatie ici).

Mais le "soft power" ne se limite pas aux discussions politiques. Par exemple, la Corée du Sud a déjà fait appel à des stratégies de "soft power" dans les domaines sportifs et culturels avec l’objectif ultime d’amener la Corée du Nord à coopérer dans des domaines non politiques pour ensuite étendre cette coopération au monde politique. C’est ainsi que la Corée du Sud et la Corée du Nord ont participé aux Jeux Olympiques de Pyeong-Chang en 2018 sous une seule et même équipe.

Si jusqu’à présent on parle de "soft power" comme outil d’influence entre gouvernements, les méthodes de puissance douce peuvent aussi servir à amadouer la société. La Corée du Sud cherche par exemple à promouvoir sa supériorité économique et culturelle auprès des citoyens nord-coréens afin de provoquer un changement interne dans le pays. La diffusion (totalement secrète) d’éléments issus de la culture sud-coréenne tels que les dramas et la musique ne plaît pas du tout au gouvernement nord-coréen qui n’hésite pas à réprimer les personnes surprises en train d’apprécier cette culture.

BTS au service de la Corée du Sud

Vous l’avez sans doute compris, le fait qu’un groupe de K-pop tel que BTS soit si important sur la scène culturelle mondiale n'est pas négligeable pour le soft power sud-coréen. En 2019, Moon Jae-in avait d’ailleurs félicité le groupe pour leur succès et la diffusion de la culture coréenne qu’il entraîne. Du coup, les sept membres du groupe sont également les ambassadeurs de la ville de Séoul (ça aide vachement le tourisme quand même).

Le succès mondial du groupe a permis à de nombreux artistes sud-coréens et asiatiques de se frayer un chemin sur la scène universelle. Et c’est ainsi que BTS a grandement participé à la popularisation de la culture sud-coréenne dans le monde entier.

Dans le cas où vous seriez passés à côté, les BTS ont une énorme fanbase connue sous le nom d’Army. Et je pense qu’on est d’accord, il s’agit d’une des fandom les plus actives en ligne (qui n’est jamais tombé sur des fancam BTS sous un tweet totalement random ?) et elle a énormément contribué l’ascension fulgurante du groupe. Mais, pour autant, BTS n’est pas le premier groupe sud-coréen à atteindre un tel succès à travers le monde. Souvenez-vous de Psy et son Gangnam Style qui avait cassé tous les records sur YouTube.

En 2018, Jenna Gibson, experte en K-Pop et doctorante au Département de Sciences Politiques de l’Université de Chicago dans le sous-domaine des Relations Internationales, affirmait que la K-pop était l’ultime outil de "soft power" du gouvernement sud-coréen. Et il est vrai, que la K-pop a fortement doré l’image de la Corée du Sud tout en suscitant un intérêt pour sa culture de façon plus globale. À titre d’exemple, l’engouement autour de la culture coréenne aurait engendré une importante augmentation du nombre d’étudiants internationaux dans le pays avec un record de 160.165 étudiants en 2019.

Aux origines du Hallyu : la vague coréenne

Le phénomène de la vague coréenne est apparu dans les années 90 et s’est principalement développé après la crise financière asiatique de 1997. La raison est simple : pour échapper à la mauvaise ambiance de la crise, la population a tendance à se tourner vers une culture populaire. Les "dramas" coréens parviennent alors à se frayer un chemin hors des frontières pour se répandre d’abord en Chine, avant de rayonner dans l’ensemble du continent asiatique.

Cependant, c’est en Chine (1999) que le terme "hallyu" a été utilisé pour la première fois par un journaliste. Et c’était pas très positif. Le journaliste cherchait à dénoncer la diffusion de la culture sud-coréenne auprès des jeunes chinois.

Depuis, la diffusion de cette culture n’a cessé de croître et le terme désigne l’engouement pour la culture sud-coréenne à travers le monde. Hallyu recouvre de nombreux domaines culturels comme la musique, la cuisine, la littérature, la langue ou encore le mode de vie. Mais la plus grande partie des fans de culture coréenne reste quand même constituée de fans de K-pop. En 2017, on estimait le nombre de personnes adhérant à des organisations liées au hallyu à 73 millions, et elles sont présentes sur toute la planète ! 

Korean Alley à la Made in Asia

Si toi aussi tu t’intéresses au Hallyu, on se donne rendez-vous à la Made In Asia les 8, 9 et 10 octobre au Brussels Expo où tu pourras profiter de la Korean Alley, le nouvel espace dédié à la culture coréenne : concours de danse K-Pop, cuisine traditionnelle, K-Beauty ou encore robes traditionnelles (Hanbok).

Plus d’infos et tickets sur le site de la Made in Asia. 

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