Dans quel monde on vit

Justine Augier : "Lire transforme chaque lecteur en potentiel résistant"

Dans quel Monde on vit

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"Les livres ne provoquent pas de révolution mais ils nous travaillent, longtemps et d’une façon mystérieuse". C’est ce qu’écrit l'auteure Justine Augier dans son essai sur les pouvoirs de la littérature, 'Croire', paru chez Actes Sud. Au micro de Dans quel monde on vit, elle nous dit pourquoi et comment il faut réarmer les mots.

Réarmer la langue

Justine Augier dénonce, dans son livre, une langue usée par l’absence de doutes.

La littérature évidemment a ce pouvoir de retisser une complexité, de renouer avec le mystère. Et ce n’est pas le moindre de ses pouvoirs d’ailleurs.

L’écrivain se doit de réarmer la langue, dit-elle encore. Mais avec quels outils ?

"Les écrivains, quand ils assemblent les mots, ont une responsabilité immense. Les outils… Il y a le silence, le temps de questionner aussi les mots clichés qui surgissent et qu’il faut défaire, parce que ce sont des mots qui rigidifient la langue, qui lui font perdre sa souplesse.

Et puis, le temps. En fait, on a besoin de temps pour ça. On vit dans une époque où l’immédiateté règne et nécessite qu’on produise toujours du langage. Les écrivains ont cette chance d’avoir un temps qui leur est propre et qui leur permet d’avoir ce lien singulier et précieux avec la langue."

Le lien entre justice et littérature

Le désir politique, le désir de justice sont liés à la littérature, indique aussi Justine Augier.

"Je pense que ça a à voir peut-être avec le rapport que la littérature entretient avec le temps. La littérature redonne son épaisseur au temps. Elle converse avec les fantômes, avec ceux qui ne sont pas encore là, aussi. Et je pense qu’elle a quelque chose à voir avec l’idée de ce qui n’aurait pas dû être et l’idée de ce qui pourrait être.

Et ça, ça a quelque chose à voir avec la justice, avec le fait d’avoir une responsabilité par rapport à ce qui s’est produit et par rapport au monde. Parce que la justice a aussi un rapport avec le futur, elle a aussi quelque chose à voir avec l’idée qu’on se fait d’un monde dans lequel on aimerait vivre, avec lequel on pourrait se réconcilier. Oui, j’ai l’intuition que la littérature a quelque chose à voir avec ça."

© Actes Sud/Jean-Luc Bertini

Lire nous rend résistants

Justine Augier écrit que lire transforme chaque lecteur en potentiel résistant.

"Par rapport aux dangers de l’époque, qui quand même consiste, je trouve, beaucoup à enfermer. Enfin, moi, j’ai l’impression qu’on est enfermé dans cette perception du temps, dans cette perception de l’autre, que les espoirs, les possibles sont écrasés.

Oui bien sûr que la littérature, c’est tout le contraire. C’est un mouvement qui va contre ça. Naturellement. C’est un mouvement d’élargissement, d’ouverture. C’est faire entrer l’autre en soi. C’est élargir le champ de ce qui nous concerne. C’est nous relier au monde, c’est nous relier entre nous".

Mais la lecture revêt aussi une forme d'engagement selon l'auteure : 

Je pense que la lecture, l’écriture, sont en soi des pratiques engagées, précisément parce qu’elles vont tout à fait à l’encontre de cet esprit de l’époque.

Justine Augier parle de son livre Croire, ci-dessus, dans Dans quel monde on vit, à partir de 10'30''

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