Judo

Judo : Renaud Malache, 5e des championnats de Belgique « Montrer qu’un sourd est capable de le faire »

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Par Kevin Paepen

Il a échoué au pied du podium. Pour sa première participation aux championnats de Belgique senior, Renaud Malache a réalisé un très beau tournoi. Après une défaite au 1er tour, le Namurois a remonté tout le tableau de repêchage pour disputer le duel pour la médaille de bronze. Pas de podium à l’issue de ses 5 combats. Il termine 5ème dans la catégorie des moins de 90Kg. Une belle performance de ce garçon de 25 ans, un judoka hors du commun.

"Je suis né entendant et je suis devenu sourd à 3 mois" raconte le judoka affilié au Judo Club Namurois. "J’ai eu une méningite. Après beaucoup de clubs ont dit… le judo, ça va être difficile. Difficile pour communiquer. Mais j’ai essayé quand même. Je suis passé par le Sakura Braine, Saint-Denis et maintenant le Judo Club Namurois. Et je m’entraîne aussi en Flandre à Herzele".

Je suis né entendant et je suis devenu sourd à 3 mois à cause d’une méningite

Passionné par les sports de combat, Renaud a trouvé dans cet art martial une discipline qui lui permet de dépenser son énergie débordante.

"Je suis hyperactif" explique le jeune judoka. "Le judo, ça me soulage. Ça me défoule. Ça me relaxe. C’est comme si je pouvais frapper une personne, mais là, ce n’est pas frapper, c’est faire chuter une personne".

Aujourd’hui, le judo occupe une grande place dans sa vie. Renaud Malache défend même les couleurs de la Belgique dans des compétitions internationales réservées aux personnes sourdes et malentendantes. Mais il aime aussi se mesurer aux judokas valides comme lors du récent rendez-vous national à Herstal.

"Je préfère combattre contre les valides, car le niveau est plus élevé" poursuit le judoka namurois. "Après, avec les arbitres, c’est un peu compliqué parce qu’il faut leur dire. Chez les valides, les arbitres ne touchent pas. Ils disent "Hajime" (ndlr: signal pour commencer le combat, "Matte" (ndlr: signal pour arrêter le combat), mais le problème c’est la communication. Dans les combats chez les sourds, c’est différent. Les arbitrent nous touchent. Ils tapent deux fois, une fois pour dire signifier les "Matte" et "Hajime". Sinon, pour communiquer avec les judokas, on lit sur les lèvres. Et le coach, il se lève, il fait des signes ou mime une prise".

Je préfère combattre contre les valides, car le niveau est plus élevé

A 25 ans, le Belge possède déjà de belles lignes dans son palmarès. Un palmarès qu’il a même dans la peau. Son biceps gauche arbore un tatouage en souvenir de son titre de vice-champion du monde chez les sourds conquis en 2016 en Turquie. Il a aussi remporté le bronze lors de l'Euro pour sourds et malentendants en 2019.

"Porter un kimono au niveau international, ça me rend encore plus heureux" ajoute le judoka d’Andenne. "Un sourd est aussi capable de représenter la Belgique. Mon prochain grand objectif, c’est la médaille olympique ! Ce sont les Deaflympics. "Deaf", c’est sourd et "lympics", c’est olympique. J’ai vraiment envie de gagner cette médaille".

Renaud Malache qui prend exemple sur Matthias Casse, médaillé de bronze lors des JO de Tokyo. L’Anversois, parrain des championnats d’Europe pour les sourds en 2019 est une source d’inspiration pour lui. Tout comme Shohei Ono, le double champion olympique japonais.

"Je rêve de partir au Japon pour m’entraîner de plus en plus" conclut Renaud Malache. "Et rencontrer des stars comme Shohei Ono. J’aimerais m’entraîner avec lui pour m’améliorer, atteindre mon objectif et montrer qu’on est capable même quand on est sourd".

le judoka Renaud Malache lors des championnats de Belgique de judo à Herstal en 2021
le judoka Renaud Malache lors des championnats de Belgique de judo à Herstal en 2021 © RTBF

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