"Cette célébration du jubilé de platine de la reine Elisabeth II est-elle l’occasion de fêter une reine qui est là depuis 70 ans ou de dire au revoir à une reine qui va bientôt partir ?" s’interroge Francis Balace, historien, spécialiste des monarchies.
La question résume à merveille l’état d’esprit qui a imprégné ces quatre jours de festivité. Pour des raisons de santé, la reine a dû rester en retrait (même si elle a réussi à briller dans une vidéo humoristique avec l’Ours Paddington).
Ce n’est pas la première fois. Le prince Charles la représente de plus en plus souvent. "De la manière la plus britannique qui soit – non déclarée, non écrite et non dite – la transition a commencé " écrit le "royal correspondent" de la BBC.
De la manière la plus britannique qui soit – non déclarée, non écrite et non dite – la transition a commencé.
Le 11 mai dernier, Ed Owens, un historien, résumait dans le Guardian : "Expect to see more of Prince Charles. This is a slow-motion abdication", une "abdication au ralenti". C’était le lendemain du fameux discours du trône, discours écrit par le gouvernement mais habituellement lu par la reine devant la Chambre des Lords. Cette année, la reine était empêchée, pour des raisons de santé. Le Prince Charles l’a remplacée.
Historique
Les commentateurs ont unanimement qualifié ce moment "d’historique". La reine ne l’avait manqué que deux fois au cours de son long règne, quand elle était enceinte d’Andrew, puis d’Edward. Pour le Sun, ce moment hautement symbolique est, pour le Prince Charles, le rôle "le plus proche de celui d’un roi" qu’il ait eu à assumer. "Le prince de Galles se retrouve régent, sauf de nom", écrivait Ed Owens dans le Guardian.
Le prince de Galles se retrouve régent, sauf de nom.
Francis Balace, autre historien, n’utiliserait pas ce terme, car la reine reste bien aux commandes : "La reine délègue ses apparitions publiques mais on continue à envoyer au château de Windsor les fameuses boîtes de cuir rouge dans lesquelles se trouvent les rapports des ministres, la correspondance diplomatique, etc. C’est toujours elle qui reçoit le Premier ministre en audience chaque semaine."
Très symboliquement, lors du discours du trône, Charles n’était justement pas assis sur le trône. Il était assis sur le siège réservé au consort, plus petit. La couronne était placée à côté de lui, là où la reine prend place habituellement, "indiquant clairement où réside le pouvoir", analyse le Daily Mail.