Journée sans voiture : son origine est liée à la crise pétrolière

La journée sans voiture à Bruxelles en 1973

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Ce dimanche 20 septembre, c'est la journée sans voiture. Comment est née cette journée ? Son histoire remonte à plus de 50 ans.

Les premières journées sans voiture sont organisées en 1956, à l’époque beaucoup de pays redoutaient une pénurie de leur carburant suite à la crise de Suez, et le blocage du Canal. Et donc, en Belgique, aux Pays-Bas et en Suisse, on assiste aux premiers dimanches sans voiture entre novembre 1956 et janvier 1957.

Ces journées refleurissent en 1973, au moment de la crise pétrolière, pour le même motif. Et puis plus rien jusqu’en 1997 : cette année-là l’Islande, pionnière en matière d’énergie renouvelable, officialise l’initiative moderne. L’objectif est alors tout autre : sensibiliser aux impacts de l’utilisation de la voiture sur la santé et l’environnement.

La journée sans voiture s’est alors inscrite au niveau européen, dans le cadre de la Semaine de la mobilité, à la fin des années 90. Au début l'idée est de situer cette journée à date fixe, le 22 septembre, peu importe quel jour de la semaine, mais elle n’a pas tenu longtemps, explique Pierre Courbe d’Inter-Environnement Wallonie :"Si l’on remonte à l’origine des journées sans voiture, c’est-à-dire il y a une quinzaine d’années, la volonté était d’organiser une journée sans voiture le 22 septembre, donc à date fixe, que le 22 septembre tombe un lundi, un mercredi ou un dimanche. Donc, cet objectif était tout à fait clair : il était de montrer que tous les jours de la semaine, quel que soit celui-ci, il était possible de changer ses habitudes de mobilité. Aujourd’hui, réaliser cette journée sans voiture systématiquement un dimanche, évidemment, fait perdre son sens à cette initiative, étant donné que le dimanche les déplacements sont principalement des déplacements d’agrément qui sont par définition plus faciles à remplacer ou à supprimer que les déplacements domicile-travail en semaine".

Enjeu climatique

On a donc un peu l’impression que cet objectif climatique semble moins sérieux, moins pris en compte que l'aspect économique. Ce dimanche sans voiture devient un peu récréatif, et n’est pas suivi d’effet durable, le lundi tout est reparti.

Pierre Courbe "pense que, malheureusement, en matière de transport les décisions utiles ces dernières années sont toujours inscrites dans une logique qui est née dans les années 60-70 et je pense que la rupture nécessaire pour intégrer l’enjeu climatique ne se fait absolument pas du tout. Tout reste à faire. Dès 1996, l’OCDE nous disait que les systèmes de mobilité ne sont pas durables dans les pays développés, qu’il faut absolument réduire notre demande de mobilité et ce message est toujours prégnant aujourd’hui, mais rien n’est mis en œuvre".

Le Beau vélo de Ravel sur l'E411 en 2004
Le Beau vélo de Ravel sur l'E411 en 2004 © JACQUES COLLET - BELGA

La mobilisation a un peu diminué

Le mouvement connaît un développement important jusqu’en 2011, et depuis on note une désaffection. Un peu plus de mille villes participent cette année, elles étaient deux fois plus en 2011.

Il y a encore des pays très impliqués, comme l’Autriche et la Hongrie, mais d’autres moins comme l’Allemagne ou le Royaume-Uni. Certains pays ne participent même quasiment plus : le Danemark avait 67 villes participantes en 2002, il n’en a plus aucune aujourd’hui. En Belgique, seule Bruxelles participe encore à l’événement.

Tout n’est pas à jeter

L'opération a suscité débats et controverses, mais elle a aussi inspiré d’autres projets, comme le péage urbain de Londres mis en place en 2003 ou encore, de manière indirecte, le vélo partagé dans des villes européennes, le covoiturage et puis cette journée permet réellement de mieux respirer, explique encore Pierre Courbe : "Il y a une étude assez intéressante qui a été réalisée par Bruxelles Environnement sur la journée sans voiture de 2013 et sur les onze précédentes. En fait, on remarque que pour certains polluants l’effet est immédiat, principalement évidemment, dans les tunnels routiers, mais également dans les centres villes. Donc, on observe des chutes très, très notoires de polluants tels que les oxydes d’azote. C’est une très bonne initiative qui peut avoir des répercussions sur la santé humaine".

Les effets sont donc directs, il y a aussi beaucoup moins de bruit en ville mais pas sûr que cette journée sans voiture, événement ponctuel, apporte de réels changements de société.

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