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Journée sans voiture : à Bruxelles et en Flandre mais presque aucune en Wallonie, pourquoi cette différence ?

L'invité dans l'actu est Bart JOURQUIN

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Par Miguel Allo sur base d'une interview de Sophie Brems via

Ce dimanche 17 septembre se déroule la journée sans voiture dans la capitale. Bruxelles se transforme radicalement pour laisser la place aux transports en commun, aux piétons, cyclistes, etc. En Wallonie, la semaine de la mobilité est plus discrète, il n’y a aucune ville qui organise de journée sans voiture sauf Ath (Hainaut) et à Ans (Liège), alors qu’en Flandre, par exemple, des dizaines de villes le font. Pourquoi cette différence ?

Si au départ la population avait intégré le fait que les journées sans voiture étaient liées à la problématique de la mobilité, Bart Jourquin pense que progressivement ces journées se muent en journées festives. L’économiste des transports et professeur à l’UCLouvain ajoute ne pas être "convaincu que l’ensemble des gens qui vont se promener à Bruxelles ou à Ath ce dimanche sont des gens qui sont forcément impliqués ou persuadés qu’il faut faire quelque chose pour la mobilité." Le signal s’est peut-être dilué année après année.

Quant à savoir pourquoi les villes wallonnes n’ont pas embrayé sur ce type d’événement alors que la Flandre le fait, à l’instar de Bruxelles, le spécialiste suggère que l’on ressent le besoin d’organiser des journées de la mobilité lorsqu’on est vraiment confronté à des problèmes de mobilité. Et qu'"en moyenne, je dis bien en moyenne, la Flandre est beaucoup plus congestionnée que la Wallonie, qui est beaucoup plus rurale et dans beaucoup d’endroits qui sont loin des villes, on ne se pose même pas trop la question parce que les gens considèrent que la voiture est de toute façon la seule option qu’ils ont".

Notons que des problèmes de calendrier ont parfois été invoqués, parce que cette semaine de la mobilité se télescope avec les fêtes de Wallonie dont on sait qu’elles vont aussi être célébrées ce week-end à Namur notamment.

Des réalités différentes entre les villes et les zones rurales

L’économiste des transports a travaillé sur ces questions du lien entre l’aménagement du territoire et les types de transports.

En ce qui concerne les zones rurales, dit-il, "il y a eu une sorte de tradition en Wallonie de construire en ruban entre les différents villages." Bart Jourquin explique "lorsqu’on a besoin d’accueillir plus de monde, plus de famille dans un village, vous avez deux solutions. Soit vous agrandissez le cœur de village et vous agrandissez le village proprement dit. Dans cette logique-là, les gens qui habitent dans le village sont toujours relativement proches du centre du village qui est assez facile de desservir en transport en commun. Le choix qui a été fait en Wallonie, c’est souvent de construire à gauche et à droite le long des routes qui rejoignent les villages. Et ça, c’est beaucoup plus difficile à desservir en transport en commun tout simplement parce que les gens ne souhaitent pas marcher beaucoup avant de prendre leur bus."

Dès lors, l’alternative, explique-t-il, "c’est de faire s’arrêter le bus plus régulièrement. Mais si vous faites arrêter un bus plus régulièrement, finalement vous diminuez sa vitesse commerciale et son attractivité". "Ce lien est évident entre le manque d’attractivité du transport en commun en zone rurale en Wallonie et l’aménagement du territoire."

Des pistes de solutions ?

Face aux choix d’aménagement du territoire en Wallonie, quelles seraient les pistes de solutions ?

Premier élément, suggérer par l’économiste des transports, il faut "peut-être" arrêter "cette hémorragie". Entendez, cesser de travailler dans la logique actuelle. Des solutions existent et elles sont testées actuellement par le Tech, l’opérateur de transport public wallon, précise-t-il. "Mais je sais que pour l’instant les choses sont imparfaites et qu’il y a encore une carte blanche qui a été publiée hier sur le sujet d’avoir un système qui serait plus lié à la demande de transport. Donc finalement des petits bus qui sont appelables lorsqu’on a besoin d’un transport. Mais il en faut évidemment suffisamment. Il faut que ce soit accessible à tout le monde (et de rappeler le problème de la fracture numérique, par exemple)."

Cela fait donc partie des pistes à creuser, mais il note aussi que la Flandre avait testé il y a quelques années une autre solution. "En augmentant de manière très sensible la fréquence de passage des bus partout dans tous les villages en Flandre. Et finalement, ça a coûté énormément d’argent parce que ces bus roulaient à vide. Et donc ça a coûté beaucoup d’argent à De Lijn (la société de transport public flamande)." Cette piste "a fait gagner beaucoup d’argent aux sous-traitants de De Lijn, parce qu’ils sont essentiellement des sous-traitants qui travaillent en zone rurale." L’expert conclut qu'"augmenter l’offre sans vraiment qu’il y ait une demande, ça coûte très très cher à la société […] Il faut aller vers un modèle flexible".

L’intégralité de l’interview de Bart Jourquin, peut-être écoutée en tête d’article.

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