Si au départ la population avait intégré le fait que les journées sans voiture étaient liées à la problématique de la mobilité, Bart Jourquin pense que progressivement ces journées se muent en journées festives. L’économiste des transports et professeur à l’UCLouvain ajoute ne pas être "convaincu que l’ensemble des gens qui vont se promener à Bruxelles ou à Ath ce dimanche sont des gens qui sont forcément impliqués ou persuadés qu’il faut faire quelque chose pour la mobilité." Le signal s’est peut-être dilué année après année.
Quant à savoir pourquoi les villes wallonnes n’ont pas embrayé sur ce type d’événement alors que la Flandre le fait, à l’instar de Bruxelles, le spécialiste suggère que l’on ressent le besoin d’organiser des journées de la mobilité lorsqu’on est vraiment confronté à des problèmes de mobilité. Et qu'"en moyenne, je dis bien en moyenne, la Flandre est beaucoup plus congestionnée que la Wallonie, qui est beaucoup plus rurale et dans beaucoup d’endroits qui sont loin des villes, on ne se pose même pas trop la question parce que les gens considèrent que la voiture est de toute façon la seule option qu’ils ont".
Notons que des problèmes de calendrier ont parfois été invoqués, parce que cette semaine de la mobilité se télescope avec les fêtes de Wallonie dont on sait qu’elles vont aussi être célébrées ce week-end à Namur notamment.
Des réalités différentes entre les villes et les zones rurales
L’économiste des transports a travaillé sur ces questions du lien entre l’aménagement du territoire et les types de transports.
En ce qui concerne les zones rurales, dit-il, "il y a eu une sorte de tradition en Wallonie de construire en ruban entre les différents villages." Bart Jourquin explique "lorsqu’on a besoin d’accueillir plus de monde, plus de famille dans un village, vous avez deux solutions. Soit vous agrandissez le cœur de village et vous agrandissez le village proprement dit. Dans cette logique-là, les gens qui habitent dans le village sont toujours relativement proches du centre du village qui est assez facile de desservir en transport en commun. Le choix qui a été fait en Wallonie, c’est souvent de construire à gauche et à droite le long des routes qui rejoignent les villages. Et ça, c’est beaucoup plus difficile à desservir en transport en commun tout simplement parce que les gens ne souhaitent pas marcher beaucoup avant de prendre leur bus."
Dès lors, l’alternative, explique-t-il, "c’est de faire s’arrêter le bus plus régulièrement. Mais si vous faites arrêter un bus plus régulièrement, finalement vous diminuez sa vitesse commerciale et son attractivité". "Ce lien est évident entre le manque d’attractivité du transport en commun en zone rurale en Wallonie et l’aménagement du territoire."