Le patron Stuart Gulliver l’a reconnu, hier, lors de la conférence de presse où la direction présentait les résultats du groupe. La banque n’achète plus de publicités dans les journaux qui se montrent "hostiles" à son égard. Stuart Gulliver trouve la décision logique. Il explique que si les lecteurs lisent deux pages de critiques sur la banque, la publicité sur une page suivante sera sans effet. Les conséquences économiques sont évidemment plus graves pour le Guardian que pour Le Monde ou Le Soir puisque HSBC est un groupe bancaire britannique. Le Monde nuance un peu en expliquant que HSBC a suspendu quasiment toutes ses campagnes en ce moment vu le contexte tourmenté.
L’histoire donne lieu à de nombreuses discussions sur la toile. Certains internautes estiment que la presse doit se trouver d’autres sources de financements pour ne pas avoir à se soumettre à cette "arme de la publicité". En revanche, d’autres pensent que pour garantir l’indépendance, la pub reste la moins mauvaise solution de financement.
La semaine dernière, un éditorialiste du Daily Telegraph avait provoqué une importante polémique en annonçant qu'il démissionnait car, affirmait-il, la direction du quotidien avait imposé une couverture minimale de l'affaire HSBC afin de ne pas s'attirer les foudres de cet annonceur.
Le "chantage à la pub" n’est pas un mode de pression si exceptionnel. La presse rappelle, par exemple, que le groupe LVMH, incontournable géant le secteur de la mode et du luxe, dont on dit qu’il exerce une forte influence sur des magazines comme Vogue, avait retiré ses budgets publicitaires du journal Libération pour sanctionner une "Une" qui visait son patron. Évoquant les projets supposés d’exil fiscal de Bernard Arnault en Belgique, Libération avait titré à l'époque "Casse-toi riche con" en référence à une célèbre petite phrase de Nicolas Sarkozy.