Les Jeux Olympiques, c'est l'occasion de voir une multitude d'athlètes, profilés différemment en fonction de leur discipline. Des personnalités qui donnent tout pour leur art, leur métier. On ne voit souvent que cet aspect et pourtant derrière les performances, il y a des femmes et des hommes comme tout le monde.
"Ces athlètes de haut niveau sont des individus fragiles. Forts physiquement, dans la coordination motrice, le résultat d'un entraînement long et fastidieux de 30-40 heures par semaine. Mais fragiles car ils ont une pression monumentale depuis longtemps", résume Philippe Godin, psychologue du sport. Ils sont donc susceptibles de lâcher prise mentalement. C'est le cas de Simone Biles et Naomi Osaka.
Biles est apparue contrariée, remplie de doutes durant les épreuves par équipe en gymnastique artistique. L'annonce de son forfait pour le concours général n'était qu'une petite surprise. Le retentissement de cette nouvelle est principalement dû à son statut de favorite. La communication officielle sur son forfait évoque la nécessité pour l'Américaine de "soigner sa santé mentale".
Pour Naomi Osaka, son élimination prématurée au troisième tour du tournoi de tennis n'est que la suite logique de son état psychique des derniers mois. Elle avait claqué la porte de Roland Garros en mai dernier, déjà à cause d'une pression médiatique difficile à gérer. "Elle a mal vécu une série de pressions au fil des semaines, des mois, et sa préparation pour Roland Garros et les jeux en a été perturbée", explique Philippe Godin. "En 5 semaines, on ne règle pas des problèmes qui amènent une forme de burn-out, ce qui est aussi le cas pour Biles."
Deux grandes championnes qui craquent. Stress, pression dans leur vie de sportive et leur vie privée. Les raisons sont multiples. Le résultat est le même. Qu'importe le sexe ou la nationalité du sportif de haut niveau. "On oublie que ce sont des individus à la fois très forts et très fragiles, très sensibles. Ils vivent un degré de stress, d'exigences, de performances, pour atteindre leurs objectifs et cela depuis plusieurs années. Vous pouvez avoir l'organisme, au sens physique et psychologique du terme, qui fatigue, qui arrive à une forme de saturation."
Quand cela se produit, il n'y a véritablement qu'une solution. Recouvrer une forme de sérénité. Un travail sur soi-même fastidieux. L’entourage, le cadre de vie sont des éléments clés pour harmoniser leur quotidien. "L'environnement, c'est-à-dire la famille, l'éducation, les relations, le côté affectif. Si tous ces paramètres ne sont pas en accord les uns avec les autres, il va prester à haut niveau, mais il y a peu de chance qu'il le fasse longtemps".
Mais même si ces sportifs gèrent cette attention excessive, ils finissent fatigués. À l’image de Björn Borg qui a terminé sa carrière très jeune, usé par un niveau de performance placé très haut. "Le fait d'avoir mis autant d'exigences, ça affaiblit le niveau de résistance de l'athlète puisqu'il est soumis à d'intense doses de stress."
Les athlètes, comme toute la population, ont dû s'adapter à l'impact de la pandémie avec des conditions d'entraînements et de compétitions différentes. Un stress supplémentaire qui ne peut qu'accentuer ce désordre mental.
Gérer la pression fait peut-être partie de leur métier, mais il ne faut pas oublier qu’ils restent des femmes et des hommes, avec leurs craintes et leurs doutes.