L’OCAM avait placé Jurgen Conings en niveau de menace 3, sur une échelle de 4. Comment expliquer que cette information n’ait pas atteint le sommet de la hiérarchie du renseignement militaire, le SGRS ?
Le SGRS est en plein changement depuis des années, rappelle le patron du Comité R. Dans le passé, l’organe de contrôle avait été sollicité par les ministres de la Défense pour procéder à des audits externes. Il était apparu toute une série de non-fonctionnement et le Comité R avait suggéré des réformes de management. La structure du SGRS a donc été transformée en janvier 2020. La mise en œuvre de la réforme est toujours en cours. "Je ne dis pas qu’il n’y a pas des fautes, mais il faut le prendre dans ce contexte de transformation", explique Serge Lipszync. Celui-ci rappelle que depuis des années, son Comité interpelle les ministres et le parlement pour souligner la présence de problèmes au sein du SGRS. "Des problèmes fonctionnels, des problèmes d’investissement, un problème d’objectif", précise le Président du Comité R.
En fait, ce sont tous les services de renseignements qui manquent de moyens.
Il n’y a, par exemple, pas de banque de données commune aux services de renseignements, comme l’a relevé la Commission "attentats" en 2017. "Nous avons eu le cas d’une personne qui travaillait dans la zone sécurisée de Zaventem. Pendant quatre ans, elle a pu travailler sans la moindre difficulté alors que l’on savait qu’elle était la compagne d’un des coauteurs présumés des attentats de Bruxelles", rappelle Serge Lipszyc.
Pour lui, il faut investir dans la sécurité et prendre des mesures. "La Sûreté de l’Etat reconnaît être capable de suivre au quotidien 20% des dossiers qu’elle a suivis. Le SGRS, à l’heure d’aujourd’hui manque 20% de son personnel", une situation qui n’est pas nouvelle, explique le Président du Comité R. Ïl estime qu’il est "possible de faire mieux" et que la sécurité n’est pas plus et moins importante que la Santé".
Pourra-t-on comprendre comment et pourquoi Jürgen Conings en est arrivé là ? "L’homme n’est pas un Robin des Bois. C’est pas un Rambo. L’homme a été formé et effectivement, un certain nombre d’individus passent à l’acte. C’est la réalité". "Je ne peux pas comprendre non plus que 40 ou 50.000 personnes voient en lui quelque chose de beau ou magnifique", ajoute Serge Lipszyc.