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Jeudi en Prime : Jean-Marc Nollet (Ecolo) accepte de prolonger deux réacteurs au-delà de 2025, sous conditions

Par Jean-François Noulet via

Jean-Marc Nollet, co-président d’Ecolo, était l’invité de l’émission Jeudi en Prime, sur la Une, après le Journal Télévisé. Alors que le gouvernement fédéral se prépare, probablement, à décider de prolonger deux réacteurs nucléaires, qu’en pense le co-président d’Ecolo, dont le parti s’était battu pour faire passer, en 2003, la "Loi sur la sortie progressive de l’énergie nucléaire"  qui devait aboutir à la fin des centrales nucléaires belges à l’horizon 2025 ? C’est un tournant idéologique pour les Verts.

Le gouvernement d’Alexander De Croo doit, en principe, décider tout prochainement du scénario adopté par la Belgique pour assurer son approvisionnement énergétique. Dans l’accord de gouvernement, la sortie du nucléaire en 2025 était actée. Des centrales au gaz devaient être construites pour remplacer la production des réacteurs nucléaires.

Le gouvernement avait cependant gardé sous le coude une éventuelle prolongation de deux réacteurs si cela s’avérait nécessaire pour assurer l’approvisionnement énergétique du pays. En décembre dernier, le gouvernement s’était donné jusqu’en mars pour trancher, après avoir demandé des rapports complémentaires de l’Agence fédérale pour le contrôle nucléaire (AFCN) et d’Elia, le gestionnaire de réseau.

Entretemps, la guerre en Ukraine a accéléré la crise énergétique et la flambée des prix, notamment du gaz et de l’électricité. C’est dans ce contexte que le gouvernement s’apprêterait à reconsidérer sa décision de stopper les centrales nucléaires.

Ce qui était vrai il y a trois mois ne l’est plus

"Est-ce qu’aujourd’hui, la réponse qui était vraie il y a trois mois l’est encore ?", se demande Jean-Marc Nollet. Alors qu’il y a trois mois, pour prendre la direction d’un approvisionnement énergétique 100% renouvelable, construire deux centrales au gaz pour remplacer des réacteurs nucléaires était encore une solution défendable pour les verts, la donne a changé. C’était "le meilleur choix, le plus rapide, le moins cher", rappelle le co-président d’Ecolo. Ce n’est plus le cas, "avec ce qui se passe en Ukraine, les bombardements, les quatre millions de réfugiés et la dépendance énergétique (à la Russie", estime aujourd’hui Jean-Marc Nollet. "Aujourd’hui quand on regarde la situation, ne pas se reposer la question de savoir si c’est encore le meilleur choix, ce serait stupide", reconnaît le co-président d’Ecolo.

Par contre, Jean-Marc Nollet rappelle que "les Verts ont un cap, un horizon", "avancer vers un monde décarboné et une énergie 100% renouvelable". "L’horizon, le cap ne changent pas, mais le monde est en train de basculer" et "on doit savoir se reposer les questions".

Ecolo mise toujours sur une période de 10 ans pour assurer la transition énergétique. "Nous sommes trop dépendants de l’étranger pour notre production énergétique, on doit se rendre indépendants", estime Jean-Marc Nollet. La meilleure façon d’y arriver, selon lui, c’est "le 100% renouvelable" et principalement l’éolien offshore. Mais avant d’arriver à ce 100% renouvelable, il faudra pouvoir compter sur d’autres sources d’approvisionnement énergétique. Et parce que "le prix du gaz a explosé", avec des "montants jamais atteints par le passé", "pour les 10 ans à venir", il y a "peut-être un autre choix qui doit être fait". Celui de la prolongation de deux réacteurs nucléaires.

Est-ce que ce renoncement passe mal chez Ecolo ? "C’est quelque chose que nous avons discuté ensemble, ce n’était pas un moment évident, mais c’était un moment important par ce que l’histoire est en train de basculer", reconnaît Jean-Marc Nollet. "Comme responsables politiques, avec les ministres, avec le bureau d’Ecolo, nous avons tous considéré que nous devions regarder le dossier avec un regard neuf, ouvert, intégrant la situation internationale", ajoute-t-il.

 

Prolonger deux réacteurs nucléaires, pas plus

Si les Verts acceptent de prolonger deux centrales nucléaires, c’est à la condition "d’accélérer la transition énergétique", pour "se rendre indépendant du gaz et du pétrole russe".

C’est aussi à la condition de ne pas aller au-delà de deux réacteurs, alors qu’au sein du gouvernement, le MR souhaiterait maintenir plus de deux centrales nucléaires en activité. Pour écolo, deux réacteurs, c’est la limite, "parce qu’au-delà de deux, le risque, c’est, si on augmente la place du nucléaire, que cela empêche la transition vers l’énergie renouvelable et l’indépendance énergétique".

Demain, au gouvernement, les Verts annoncent qu’ils ne signeront pas de chèque en blanc et poseront d’autres conditions.

"Il n’est pas question qu’Engie vienne nous dire vous le gouvernement belge, occupez-vous de nos déchets et occupez-vous du démantèlement des réacteurs", prévient Jean-Marc Nollet. Il rappelle que l’estimation de la facture pour ce démantèlement est de 40 milliards d’euros. "Il n’est pas question que l’Etat belge paye cette facture", "Engie à 100% doit rester responsable des déchets nucléaires et du démantèlement", réclame Jean-Marc Nollet.

Cependant, ce dossier n’a pas encore été négocié avec Engie. "Demain, la ministre de l’Energie (Tine Van der Straeten, Groen) demandera au gouvernement un mandat pour négocier ces enjeux", précise le co-président d’Ecolo. Et si ce mandat n’a pas encore été confié à la ministre de l’Energie, c’est, selon Jean-Marc Nollet, "parce qu’un partenaire considère que le nucléaire est une solution magnifique". Et de préciser, "C’est le MR, le parti du nucléaire. Il considère que le nucléaire, c’est génial, qu’il n’y a pas de problèmes, pas de déchets, qu’on trouvera des solutions à tout, qu’il n’y a pas de risques non plus d’attentats. Et donc, pour lui, il n’y a pas de conditions, tout va bien".

A la veille du conseil des ministres, Jean-Marc Nollet avertit :"Ce n’est pas le MR qui décide dans ce gouvernement". "Je fais confiance au Premier ministre", ajoute Jean-Marc Nollet.

Ecolo exige qu'Engie paye pour le démantèlement des centrales nucléaires et la gestion des déchets

Demain, au gouvernement, les Verts annoncent qu’ils ne signeront pas de chèque en blanc et poseront d’autres conditions.

"Il n’est pas question qu’Engie vienne nous dire, vous le gouvernement belge, occupez-vous de nos déchets et occupez-vous du démantèlement des réacteurs", prévient Jean-Marc Nollet. Il rappelle que l’estimation de la facture pour ce démantèlement est de 40 milliards d’euros. "Il n’est pas question que l’Etat belge paye cette facture", "Engie à 100% doit rester responsable des déchets nucléaires et du démantèlement", réclame Jean-Marc Nollet.

Cependant, ce dossier n’a pas encore été négocié avec Engie. "Demain, la ministre de l’Energie (Tine Van der Straeten, Groen) demandera au gouvernement un mandat pour négocier ces enjeux", précise le co-président d’Ecolo. Et si ce mandat n’a pas encore été confié à la ministre de l’Energie, c’est, selon Jean-Marc Nollet, "parce qu’un partenaire considère que le nucléaire est une solution magnifique". Et de préciser, "C’est le MR, le parti du nucléaire. Il considère que le nucléaire, c’est génial, qu’il n’y a pas de problèmes, pas de déchets, qu’on trouvera des solutions à tout, qu’il n’y a pas de risques non plus d’attentats. Et donc, pour lui, il n’y a pas de conditions, tout va bien".

A la veille du conseil des ministres, Jean-Marc Nollet avertit :"Ce n’est pas le MR qui décide dans ce gouvernement". "Je fais confiance au Premier ministre", ajoute Jean-Marc Nollet.

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