Politique

Jeudi en Prime : François De Smet (DéFI) espère "un sursaut des partis démocratiques" sur la question de l'abattage rituel

Jeudi en Prime

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François De Smet, président de DéFI, était l’invité de l’émission Jeudi en Prime. Il est revenu sur la situation économique et sociale actuelle et sur les propositions de son parti, notamment un "bouclier social".

Il est aussi revenu sur la proposition de son parti d’interdire l’abattage rituel sans étourdissement à Bruxelles, proposition qui a divisé la majorité bruxelloise et qui fera l’objet d’un vote à l’issue incertaine, ce vendredi au parlement bruxellois.

Un bouclier social de 1500 euros, mais pas pour tous

Comme il a déjà eu l’occasion de le dire au Premier ministre, ce jeudi après-midi à la Chambre, le président de Défi souhaite autre chose comme politique que "la distribution de rustines comme un chèque de temps en temps ou une diminution temporaire de la TVA".

Ces dernières semaines, plusieurs partis, au sud du pays ont fait des propositions pour améliorer le pouvoir d’achat des ménages. Le président du MR, Georges-Louis Bouchez a proposé une somme de 25.000 euros pour les 18-25 ans. Ecolo a porté la barre à 30.000 euros pour tous les jeunes de 25 ans. Au PS, on a avancé l’idée d’un revenu de base pour les 18-25 ans.

La solution de DéFI, c’est d’abord un "bouclier social", "une sorte d’allocation universelle corrigée réaliste", explique François De Smet.

Contrairement au principe d’une allocation universelle qui prévoirait de donner, par exemple, 1000 euros à chaque citoyen de manière inconditionnelle, DéFI n’accorderait pas cette allocation à tout le monde. "Et si chaque citoyen, à partir de 18 ans, avait une sorte de bouclier social de 1500 euros, la somme qui est déterminée comme pouvant vous sortir de la pauvreté ou vous éviter d’y tomber", explique François De Smet, le président de DéFI. "Cette somme remplacerait un certain nombre d’allocations existantes, comme les allocations de chômage, ce serait le montant minimal pour les retraites", poursuit-il. Pour ceux qui n’arriveraient pas à un revenu de 1500 euros, "s’ajouterait un rajout de l’Etat". L’idée est donc de garantir que personne n’ait moins de 1500 euros par mois pour vivre.

Comment financer ce bouclier social ?

"Cela va coûter moins cher qu’une allocation universelle", estime François De Smet, puisque ceux qui gagnent plus ne bénéficieront pas du bouclier social.

Pour financer cette politique, DéFI mise sur une "grande réforme fiscale". DéFI envisage de réduire les charges sur le travail. "Nous pensons qu’il faut exonérer d’impôt la première tranche jusqu’au seuil de pauvreté qui est aujourd’hui de 1287 euros", estime François De Smet. Cela serait compensé par "la suppression des niches fiscales et par une taxation plus forte des fruits du patrimoine".

Exemples de niches fiscales dans le viseur de DéFl, les "voitures-salaire, les éco-chèques ou les tickets-restaurants". "Est-ce vraiment à l’Etat de financer l’utilisation des voitures ?", se demande François De Smet à propos des voitures de société dont bénéficient certains travailleurs. "L’idée est d’alléger l’impôt du citoyen et que ceux qui en bénéficiaient (des voitures-salaire) devront s’y retrouver et avoir une compensation en net", rassure François De Smet.

La réforme fiscale proposée par DéFI passe aussi par "une plus grande fiscalité, non pas sur le patrimoine, mais sur ses revenus, en exonérant l’habitation principale", ajoute François De Smet.

C’est aussi dans la lutte contre la fraude fiscale que DéFI entend trouver des moyens pour mener sa politique. "On a refusé d’investir sous Charles Michel dans la lutte contre la fraude fiscale. Là, il y a un petit effort qui commence à être fait. Il est pour nous insuffisant", estime le président de DéFI.

Pour le maintien de l’indexation des salaires en tenant mieux compte des prix de l’énergie

La question de l’indexation automatique des salaires alimente actuellement les débats. Entre ceux qui sont pour, ceux qui voudraient freiner ce mécanisme d’indexation au nom de la compétitivité des entreprises, pour DéFI "il faut garder le mécanisme d’indexation". "Je me demande même si on ne doit pas intégrer un peu plus l’énergie, l’électricité et le gaz", s’interroge François De Smet. Ces biens "sont dans l’index, mais de manière très marginale". "Ce serait peut-être juste, au fur et à mesure que ces énergies commencent à coûter tellement cher, qu’elles soient davantage intégrées dans l’index", estime le président de DéFI, pour que "le panier de la ménagère […] corresponde à la réalité".

Mais, ajoute François De Smet, "il faut aussi régler la compétitivité des entreprises", "trouver un moyen d’améliorer la compétitivité des entreprises sans toucher à l’index".

 

François De Smet continue à défendre sa proposition d’interdiction de l’abattage rituel sans étourdissement à Bruxelles

Autre question abordée, celle de l’abattage rituel. Au parlement bruxellois, DéFI est à l’origine d’une proposition d’ordonnance visant à interdire l’abattage rituel sans étourdissement. La proposition a divisé la majorité bruxelloise. En commission, il n’y a pas eu de majorité alternative pour adopter le texte. C’est en séance plénière, ce vendredi, qu’un vote est attendu, avec une issue incertaine.

François De Smet rappelle la position de son parti. "Est-il encore normal, en 2022, de continuer à administrer une souffrance dont tous les scientifiques nous disent qu’elle est insupportable et dont tous les juristes […] nous disent que l’empêcher n’est pas une ingérence trop forte vis-à-vis de la liberté de culte ?"

Le président de DéFI explique son parti a mis sur la table une proposition, qui prévoit, comme c’est déjà le cas en Wallonie, "l’étourdissement réversible […] par électronarcose", une technique où "théoriquement, si vous ne faites rien, la bête se réveille" et "compatible avec le rite religieux.

On l’a dit, la question de l’interdiction de l’abattage rituel sans étourdissement a divisé les partis politiques bruxellois, alors que certains de ces partis se sont montrés favorables à cette interdiction en Région Wallonne. "Pourquoi certains partis n’ont pas la même position en Wallonie et à Bruxelles ? Il y a évidemment une pression communautaire", estime François De Smet. "C’est aussi parce qu’on ne dit pas la vérité aux gens. C’est facile d’obtenir 100.000 signatures contre le projet que nous avons déposé quand on leur dit qu’on va interdire de manger Halal ou casher ou qu’on va interdire l’abattage rituel", explique le président de DéFI. "Or, rien de tout cela n’est vrai", ajoute-t-il.

Vendredi, au Parlement bruxellois, le vote sur la proposition d’ordonnance déposée par DéFi sera incertain. Au sein de DéFi, l’ancien président Olivier Maingain s’est montré inquiet ce jeudi, ne souhaitant pas que les voix du Vlaams Belang et de la N-VA permettent de dégager une majorité alternative et de faire passer le texte. Face à cette crainte, le président de DéFI, François Desmet répond. "Est-ce qu’exiger qu’un animal soit conscient au moment où on lui tranche la gorge pour des raisons religieuses, c’est une position progressiste et est-ce une proposition de gauche ?", demande François De Smet. "Et à l’inverse, est-ce qu’exiger qu’un étourdissement obligatoire soit fait avant tout abattage, c’est une position d’extrême droite ?", ajoute-t-il. Et d’espérer, lors du vote vendredi, "un sursaut des partis démocratiques", car "c’est l’absence de voix des autres partis qui fait en sorte que ça peut se jouer à du 50-50".

Vendredi, la plupart des députés bruxellois voteront sans avoir reçu de consignes de vote, mais François De Smet s’attend à ce que sa proposition passe à la trappe.

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