Belgique

Jeudi en Prime : Alexia Bertrand, secrétaire d’Etat au Budget, trouve "insuffisant" le projet de réforme des pensions

Jeudi en Prime

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Alexia Bertrand, secrétaire d’État Open Vld au Budget, était l’invitée de Jeudi en Prime, sur la Une.

Depuis ce jeudi, le gouvernement fédéral dispose des chiffres du Comité de monitoring, le groupe d’experts qui calcule notamment l’ampleur du déficit budgétaire. Le gouvernement va pouvoir s’atteler aux discussions sur le contrôle budgétaire. Pour 2023, le déficit de l’Etat belge serait de 27,4 milliards d’euros, des perspectives qui restent préoccupantes, même si la diminution de l’inflation et la baisse des prix de l’énergie permettent d’alléger un peu la facture pour l’Etat. Les perspectives d’avenir restent préoccupantes. 41 milliards d’euros, c’est le montant du déficit structurel attendu pour 2028 à politique inchangée.

L’émission était l’occasion pour la secrétaire d’Etat au Budget d’aborder la situation financière compliquée de l’Etat belge ainsi que d’autres sujets d’actualité tels que les projets de réforme des pensions et de réforme fiscale qui sont sur la table du gouvernement.

Le déficit annoncé pour 2023 plus bas que prévu : "une bonne nouvelle"

A l’approche du contrôle budgétaire, le gouvernement vient de recevoir une nouvelle qualifiée de "bonne" par la secrétaire d’Etat au Budget. Le recul de l’inflation et la baisse des coûts de l’énergie vont alléger la facture pour l’Etat. "Cela fait en sorte que les coûts et dépenses sont moins importants, par exemple en matière de tarif social. Le tarif social et le tarif social élargi vont coûter moins cher à l’Etat", salue Alexia Bertrand. "Cela va faire en sorte de diminuer notre déficit. Le déficit qui était de 5,9% passe à 4,8%. C’est une amélioration de 1,1%"", poursuit-elle.

Il reste que la trajectoire du budget à long terme n’est pas bonne. A politique inchangée, la Belgique se dirige vers un déficit de 41 milliards à l’horizon 2028. "Il reste beaucoup de travail", concède la secrétaire d’Etat au Budget. Dans ce déficit, "ce sont surtout les dépenses du vieillissement qui pèsent, c’est la charge des pensions".

Dès lors, explique la secrétaire d’Etat, "il va falloir réformer"

L’actuel projet de réforme des pensions de la ministre Lalieux : "insuffisant"

Pour Alexia Bertrand, réformer en matière de pensions ne signifie pas "toucher à l’âge légal de la pension", mais "essayer de rapprocher le plus possible l’âge effectif de départ à la pension de l’âge légal".

Les périodes assimilées sont clairement dans le viseur de la secrétaire d’Etat. "Cela veut dire que quand vous chômez, c’est assimilé à des périodes de travail pour votre pension", rappelle Alexia Bertrand. "Cela veut dire que vous pouvez avoir des situations où des personnes qui n’ont quasiment jamais travaillé vont prendre leur pension et vont parfois même se trouver dans des situations quasi équivalentes à des personnes qui ont travaillé pendant 30 ans", explique-t-elle. Dès lors, elle préconise d’augmenter "le nombre de jours de travail effectifs pour accéder à la pension" pour "faire en sorte qu’il y ait plus de droits de pensions pour ceux qui travaillent".

Pour ceux qui n’auraient pas assez travaillé, par exemple parce qu’ils ont connu du chômage, il y aurait la pension minimum. "On a d’ailleurs augmenté le montant de cette pension minimum sous ce gouvernement. On en est fier", souligne Alexia Bertrand.

La secrétaire d’Etat fait aussi référence à l’avis de la Commission européenne qui préconise de faire attention à l’augmentation de la charge des pensions belges si l’on veut que le système reste soutenable.

Dans ce contexte, la réforme des pensions proposée par la ministre des Pensions, Karine Lalieux (PS) est considérée par Alexia Bertrand comme "une base de travail". Le projet de réforme est qualifié "d’insuffisant" par la secrétaire d’Etat au Budget. "Cela ne va améliorer les choses que d’environ 0,3% du PIB. Or, ce que nous dit la Commission (européenne, ndlr), c’est qu’on doit être proche de 1,1% du PIB", argumente Alexia Bertrand. "Il va falloir faire plus", ajoute la secrétaire d’Etat. Faire plus, c’est réformer les pensions et le marché du travail.

Réformer pour mettre plus de gens au travail

Il va donc falloir réformer pour réduire le déficit à plus long terme. Pour la secrétaire d’Etat au Budget, cela veut dire "mettre plus de gens au travail, parce que cela rapporte beaucoup d’argent à l’Etat".

"Chaque personne qu’on met à l’emploi rapporte environ 28.000 euros au budget de l’Etat. Si vous remettez 500.000 personnes à l’emploi, cela fait de suite 14 milliards dans les caisses de l’Etat", calcule la secrétaire d’Etat au Budget pour qui c’est un objectif à atteindre.

Le projet de réforme fiscale va dans la bonne direction

Le projet de réforme fiscale porté par le ministre des Finances, Vincent Van Peteghem (CD&V) qui prévoit de réduire la charge fiscale sur le travail, en particulier les bas salaires, est qualifié "d’intéressant à plusieurs égards", par la secrétaire d’Etat au Budget. "Il veut baisser la fiscalité sur les bas salaires et c’est essentiel parce qu’il faut faire en sorte que l’écart entre travail et non-travail soit plus important", souligne Alexia Bertrand. "Les gens qui travaillent qui se lèvent tôt doivent être récompensés", ajoute-t-elle.

Pour la secrétaire d’Etat au Budget, avec le projet de baisse de la pression fiscale sur les bas salaires, le ministre des Finances a compris l’intérêt pour les caisses de l’Etat car cela pourrait remettre du monde à l’emploi.

Le projet de réforme fiscale sera examiné par le gouvernement après le contrôle budgétaire et la pause de Pâques qui suivra.

Master en médecine à Mons

Interrogée sur les difficultés que rencontre le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles autour de la question du master en médecine réclamé par l’université de Mons, la secrétaire d’Etat au Budget qui était auparavant parlementaire MR au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, n’a pas voulu donner son avis sur la manière de trancher la question.

Cependant, elle a rappelé que "le budget de la Fédération Wallonie-Bruxelles est en déficit d’environ 1 milliard d’euros". Dans ce contexte, "il faut s’assurer que chaque denier public soit investi ou soit dépensé de manière efficace", a-t-elle recommandé.

Alexia Bertrand rappelle aussi que le système de financement des universités est un système à enveloppe fermée. "Cela veut dire que chaque choix que vous allez faire d’habilitation se fera au détriment d’une autre filière", avertit-elle. "Et donc, la question à se poser -et je n’y réponds pas- est : faut-il avoir un master complet dans chaque ville et donc au détriment de quelle filière ou habilitation existante ?", a estimé la secrétaire d’Etat.

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