Parfois en football, tout peut aller très vite. Demandez plutôt à Olivier Giroud ce qu’il en pense. Joueur le plus utilisé (101 sélections) par Didier Deschamps depuis la prise de fonction du sélectionneur en 2012, le Milanais est aujourd’hui sur une voie de garage chez les Bleus.
Rejeté par l’homme qui l’avait jadis couvé, il peut sans doute faire une croix sur le mythique record de buts de Thierry Henry (51) chez les Bleus qui lui tendait pourtant les bras (il pointe à 46 buts). Parce qu’aujourd’hui, son avenir en équipe nationale s’annonce plus que jamais en pointillé. Explications.
Nous sommes jeudi après-midi. Didier Deschamps s’apprête à prendre la parole pour énoncer, un à un, les 23 joueurs qui affronteront le Kazakhstan et la Finlande dans la course pour le prochain Mondial.
Dans l’air, peu de suspense ou presque. Tous les observateurs s’attendent à une liste sans surprise, dans la juste continuité des sélections précédentes. Dans son style toujours aussi flegmatique, Deschamps énonce machinalement les 23 sélectionnés.
Arrivé au 23e et dernier joueur, il s’interrompt. Le pressentiment était le bon. 23 joueurs aguerris, aucun novice mais une grosse absence qui risque encore de faire couler pas mal d’encre : celle d’Olivier Giroud, oublié pour la 3e fois consécutive.
3e absence consécutive pour Giroud chez les Bleus
Un camouflet pour celui qui était sélectionné contre vents et marées par Deschamps il y a quelques mois de cela à peine. Comment expliquer cette absence d’un pilier de l’ère Deschamps, subitement passé du statut de titulaire indiscutable à celui, peu enviable, de pestiféré écarté sans vergogne ?
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Difficile de démêler le vrai du faux. Peut-être est-ce dû au retour en grande pompe de Karim Benzema chez les Bleus. Leader incontesté et incontestable des Bleus jusque-là, Olivier Giroud a dû logiquement se ranger derrière le talent, le charisme et la science du jeu du Madrilène… pour retrouver une place sur le banc. De quoi fomenter une certaine frustration, même si, dans le texte, Giroud a souvent prétendu le contraire.
“Les ballons n’arrivent pas” : des déclarations qui ne passent pas non plus
Juste avant ce fameux Euro, pour lequel les Bleus nourrissaient évidemment de grandes ambitions, Giroud avait évacué sa frustration après un match de préparation raté : “Des fois on fait des courses mais les ballons n’arrivent pas […] Vous dites qu’on ne m’a pas beaucoup vu au début mais peut-être qu’on aurait pu mieux se trouver.”
Des critiques, qui visaient Kylian Mbappé sans le nommer, qui avaient fragilisé sa position de leader au sein des Bleus et semé le doute quant à l’entente présumée cordiale de cet essaim de stars. Utilisé avec parcimonie pendant l’Euro (40 minutes en tout), il avait ensuite quitté la compétition par la petite porte, sentant peut-être que le vent était en train de tourner en sa défaveur.