Pour la première fois en Europe, les visiteurs pourront admirer le "Bluebird Planter": sorte de bibelot en porcelaine qui aurait été gonflé à l’hélium, cet oiseau multicolore est en fait une jardinière géante. Et les fleurs qui émergent de son dos sont bien vivantes, choisies par une fleuriste d’Arles.
"Artiste de la couleur", le maître américain est mis en valeur par des fonds blancs, mais surtout par la lumière de la Méditerranée.
"Nous avons enlevé les rideaux qui masquent habituellement le soleil et la vue sur la mer", explique Pascal Rodriguez, le scénographe, marqué par la méticulosité avec laquelle Jeff Koons a surveillé l’installation de ses œuvres, à distance : "Le placement du Balloon Dog par rapport au cœur suspendu, il le voulait au centimètre près et cela nous a pris plusieurs heures".
L’intérêt de cette exposition est aussi d’interroger sur la notion même d’art, avec cette cohabitation entre des œuvres parmi les plus chères au monde et des objets du quotidien.
"L’art n’est pas seulement inscrit dans une peinture de Van Gogh ou une sculpture, pour moi l’art c’est tout ce qui excite ou stimule le spectateur", a estimé Jeff Koons, mercredi, à New York, interrogé en visioconférence depuis le Mucem.
Si "Jeff Koons Mucem" devrait attirer le public, cette programmation fait aussi grincer quelques dents. Une vingtaine d’artistes qui occupent le Fonds régional d’art contemporain (Frac) de Marseille ont profité de l’événement mercredi pour dénoncer une exposition réunissant des œuvres appartenant à "M. Pinault, 3e fortune de France avec 42 milliards de dollars" (35 milliards d’euros), et Jeff Koons, "artiste vivant le plus cher au monde" avec son "Rabbit" à 91 millions de dollars.
"Pinault, range tes Koons", "Art ultraluxe, Etat complice", dénonçaient les banderoles des manifestants. "Il faut se garder d’un manichéisme un peu facile", leur a répondu Jean-François Chougnet, le directeur du musée.