Concours Reine Elisabeth

Jean-Claude Vanden Eynden, du côté du jury du Concours Reine Elisabeth

Jean-Claude Vanden Eynden siège dans le jury de la première épreuve du Concours Reine Elisabeth 2021

© Queen Elisabeth Competition – Derek Prager

Jean-Claude Vanden Eynden connaît bien le Concours Reine Elisabeth : il a été un des plus jeunes lauréats, quand il a été couronné d’une troisième place dans l’édition 1964 du Concours consacrée au piano.

Il n’avait alors que 16 ans, et il n’avait pas encore terminé ses études à la Chapelle Reine Elisabeth.

Depuis, en parallèle de sa carrière internationale, il n’a cessé de suivre l’évolution du Concours, y participant comme pianiste accompagnateur en 1980, ou en siégeant la commission artistique ou dans le jury des différentes épreuves depuis les années 80.

lire aussi : Jean-Claude Vanden Eynden, le pianiste belge le mieux classé au Concours Reine Elisabeth

Comment voit-il cette édition particulière légèrement chamboulée par la Covid ?

Il a répondu aux questions de Marie Michiels, plus à titre personnel et selon sa propre expérience d’ancien lauréat et de membre du jury.

 

L'avis de Jean-Claude Vanden Eynden sur le Concours sans public

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Interview

Quand Jean-Claude Vanden Eynden participe au Concours en 1964, il a 16 ans, et ce qui l’a le plus marqué, c’est de rencontrer la Reine Elisabeth en personne, ce sera le dernier Concours auquel elle pourra participer (elle est décédée en 1965).

Il a vécu cette période "comme une sorte de rêve", même s’il brûlait un peu les étapes, puisqu’il a dû terminer ses études à la Chapelle Reine Elisabeth, un an après avoir été classé 3e lauréat.

Jean-Claude Vanden Eynden lors du Concours Reine Elisabeth en 1964
Jean-Claude Vanden Eynden lors du Concours Reine Elisabeth en 1964 © Robert Kayaert - CMIREB

Son professeur à la Chapelle, Eduardo del Pueyo lui disait toujours, "Il faut faire le Concours ou les Concours quand on est jeune". D’année en année, l’enjeu est de plus en plus difficile, notamment en ce qui concerne le stress. À 22 ou 23 ans, on a encore toute la vie devant soi, à l’approche de la trentaine, le stress est plus grand même si on a une plus grande expérience de concert.

Mais de son expérience, Jean-Claude Vanden Eynden remarque que le stress est "parfois plus dans le public que chez les candidats. J’ai pu le ressentir, il y a une fièvre dans le public, et peut-être un petit peu moins chez les candidats. Mais le stress fait partie de notre vie de tous les jours, quand on a un métier de scène."

Quel sera l’impact de l’absence de public pour le candidat ?

Il n’y a pas de règle selon lui. Chaque candidat réagira à sa manière, et des échos qu’il en a eus, jouer devant un jury avec ou sans public, cela ne change pas la donne au niveau du stress ou de la concentration : "Maintenant il est clair que ne pas avoir la récompense, à savoir les applaudissements, les réactions, sentir la présence physique de public, ça change évidemment pas mal de choses. Et peut-être que certains seront plus sensibles à ce genre de choses."

À titre personnel, puisqu’il ne peut parler au nom de tous les membres du jury, il ne porte pas trop d’attention aux réactions du public "qui sont un petit peu sentimentales, émotionnelles, épidermiques, je pense qu’il faut rester, en tant que membre du jury, extrêmement précis, extrêmement serein par rapport à ça et avoir un jugement le plus honnête et le plus objectif possible. Donc pour moi, cette réaction du public est très souvent sympathique et avec les grandes émotions du concours, bien sûr que la réaction du public fait partie de l’événement. Mais ça ne change rien au niveau de l’analyse que je fais d’un jeu, de la qualité d’une personnalité artistique, etc."

 

 

 

Les membres du jury de la première épreuve du Concours Reine Elisabeth 2021
Les membres du jury de la première épreuve du Concours Reine Elisabeth 2021 © Queen Elisabeth Competition - Derek Prager

Le Concours Reine Elisabeth reste-t-il le plus grand concours international ?

Certainement, c’est l’un des concours les plus difficiles au monde, "tant par sa durée, puisque cela représente presque un mois de tension nerveuse, que par les exigences du répertoire, qui a évolué avec le temps, et s’est adapté à l’évolution des concerts et des demandes des organisateurs de concert, mais aussi, de par le sérieux du Concours. C’est un concours qui est reconnu pour le côté sérieux du travail des membres du jury, leur intégrité et le règlement très strict auquel ils sont soumis". Entre également en compte le prestige de la Reine Elisabeth qui reste une personnalité internationalement reconnue, et aussi le palmarès impressionnant des lauréats du Concours qui ont été de très grands artistes dans le monde musical.

Quelles sont les règles pour juger de la qualité d’une prestation ?

À titre personnel, Jean-Claude Vanden Eynden reste intransigeant sur certains aspects, comme le respect du texte. Tout en restant ouvert à toute forme d’innovation dans l’interprétation, il pense "qu’il faut tout de même y mettre une certaine limite. Sinon, on pourrait dire qu’on pourrait jouer, Mozart, Beethoven ou Chopin de n’importe quelle façon. Et là se trouve un équilibre qui est peut-être difficile pour les candidats de se dire : je ne peux pas peut-être jouer cette sonate comme tout le monde la joue – sinon ça n’aura aucun intérêt – mais d’un autre côté, si j’y apporte trop de personnalité, peut-être que ça va choquer certains membres du jury. C’est comme la tradition. La tradition, c’est une chose que je trouve indispensable mais si elle n’évolue pas, elle est appelée à disparaître."

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