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Un jour dans l'histoire

Jean-Claude Defossé : "Quand on m’a dit que les ministres me craignaient, je l’ai pris comme un grand compliment"

Un Jour dans l'Histoire

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Dans son livre Mémoires d’un âne, Jean-Claude Defossé évoque ses souvenirs ainsi que les dessous de ses reportages aux sujets souvent tabous. Un Jour dans l’Histoire revient sur les riches heures de Jean-Claude Defossé, ce journaliste iconique de la RTBF qui a marqué son époque.

Avec ses émissions cultes telles que Les Travaux Inutiles, Les Pieds dans le Plat ou encore Question à la Une, Jean-Claude Defossé, le trublion du journalisme belge, a fait trembler bien des ministres. L’ex-journaliste de la RTBF raconte dans ses mémoires, son enfance, son inadaptation à l’école comme à la politique, ses jobs étonnants à l’Expo de 1958 ainsi que sa passion sans cesse renouvelée pour le journalisme et la peinture.

Naissance pendant la guerre

16 mars 1941 : la Belgique est sous le joug des nazis depuis dix mois. C’est aussi le jour de la naissance d’un petit Jean-Claude, à Schaerbeek, la cité des ânes, lui qui aime à dire qu’il en est un.

Quelques années plus tôt, son père vote 'rexiste' en 1935. Jean-Claude Defossé précise : "Mon père était un homme de droite, colonialiste et un abominable raciste. Mais au milieu des années 30, Léon Degrelle n’avait pas encore collaboré avec les Allemands. Quand il a montré son vrai visage durant la guerre, mon père qui était un anti-boches, a préféré être un résistant et un soutien des alliés". Par la suite, sous l’influence de sa mère alors que son père est un bouffeur de curé, Jean-Claude entre au collège Saint Louis puis suite à un épisode de santé sous-évalué par les professeurs, rejoint avec son grand frère Josy Dubié, une école publique, l’athénée Adolphe Max de la Ville de Bruxelles. Deux garçons complexés par leur physique, leurs vêtements et leur nullité à l’école : "On était à la fois tristes mais pas malheureux" se rappelle Jean-Claude Defossé. Un cancre, dit-il de lui, mais aussi probablement un dyslexique qui s’ignore et que l'on ignore.

La passion du dessin et une jeunesse militante

Passionné de dessins mais n’ayant pas l’âge requis, sa mère s’inscrit à l’Académie de Saint-Josse afin que son fils puisse développer ses talents : "Ce sont des années de bonheur car je me suis épanoui et me suis senti valorisé. Je gagnais tous les Prix !" À cette époque, il y a aussi la rencontre d’un instituteur, Robert Genot, dont l’influence est capitale : "Mon livre se veut un hommage à ces instituteurs et ces professeurs qui ne se rendent pas compte combien ils peuvent faire du bien à un jeune".

En 1958, son engagement pour des petits boulots pendant l’exposition universelle à Bruxelles lui permet d’acheter son premier vélomoteur. Dès l’âge de 17 ans, Jean-Claude Defossé devient un fervent militant de la libéralisation de l’avortement, de la reconnaissance de l’homosexualité et de l’euthanasie : "Un demi-siècle d’un long combat dont j’ai été, avec d’autres, à la pointe. On ne mesure pas à quel point il y a eu du changement depuis. Mais c’est un acquis encore à défendre aujourd’hui quand on voit ce qui se passe aux États-Unis ou ailleurs".

1er septembre 1963, c'est sa rentrée en tant que professeur de dessin à l’athénée Adolphe Max où il rencontre son épouse Danielle avec qui il partagera une longue union.

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Un changement de cap professionnel et des émissions RTBF décapantes

"Grâce à mon frère Josy qui était devenu journaliste à la RTBF, j’apprends que conjointement a lieu un examen de confirmation pour les journalistes de la RTBF ainsi qu’un examen ouvert au public. Il y avait 1100 candidats. Je n’avais pas vraiment le cursus. Je fus le premier surpris car j’avais réussi l’examen. Je quitte ma salle de dessins et je me retrouve dans une équipe, qui à l’époque était la crème de la crème : Henri Mordant, Jacques Bredael, René Thierry… Et je me suis adapté". 

Les pieds dans le plat avec Bernard Watelet, Les travaux inutiles, Question à la Une, des émissions RTBF qui ont provoqué la colère de l’extrême droite, de l’Église catholique, des décideurs politiques et des grands entrepreneurs.

Jean-Claude Defossé raconte : "Des pressions en démocratie, c’est normal à condition qu’elles soient acceptables. Les journalistes sont censés résister aux pressions ce qui n’est pas toujours facile, mais il y va de leur honneur d’y résister. J’ai toujours fait mon possible pour ne pas y succomber. Comme les gens ont compris qu’avec moi, ça ne marche pas, j’en ai rarement eu".

Selon lui, quand on est journaliste, on ne doit pas faire des hommes politiques des amis. Il se souvient : "Un jour, un attaché de presse d’une ministre me révèle que les ministres me craignent. Cela m’a fait très plaisir, je l’ai pris comme un grand compliment".

La passion du journalisme

De dénoncer les excès de la politique ne l’a pas empêché de devenir pendant quelques années député Ecolo en région bruxelloise. "J’avais 68 ans, et suis parti de Questions à la Une suite d’une 'brette'. C’était une connerie. J’aurais dû me rendre compte que la politique n’était pas pour moi" confesse le journaliste qui conclut : "Quand je regarde dans le rétroviseur, j’ai eu beaucoup de chance. Il y a des carrefours dans la vie où l’on change de directions. Quand je suis devenu journaliste, je n’ai jamais été travailler, j’allais m’amuser même si par ailleurs, j’ai beaucoup bossé".

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